
Test
: Syberia II
Reprenant
l'aventure là où elle s'était stoppée à la
fin du premier
épisode, Syberia II replonge le joueur dans la quête qu'Hans
Voralberg et Kate Walker s'étaient juré d'accomplir : retrouver
Syberia, l'île de la légende sur laquelle se trouveraient les derniers
spécimens d'une espèce disparue depuis des millions d'années
: le mammouth.Fasciné depuis sa plus tendre et néanmoins difficile
enfance par ce pachyderme, Hans Voralberg a toujours eu la conviction que cette
espèce ne s'était pas éteinte. Devenu simple d'esprit suite
à une chute, ses pairs ne portaient que peu de crédit à ses
propos pour le moins loufoques. En effet, entendre en l'an 2002 que les mammouths
sont encore de notre monde est quelque chose d'inconcevable. Pourtant beaucoup
d'indices tendent à confirmer l'existence de Syberia
Pour les mammouths,
la seule façon pour Kate d'en avoir le cur net, c'est de se rendre
sur cette île.
Syberia II, on ne va pas tourner autour
du pot, est magnifique. Comme pour le premier épisode, le jeu se compose
d'écrans en 3D précalculés de haute qualité car très
détaillés. Même si ce choix rend le jeu très statique,
on dénombre quelques éléments qui donnent une certaine vie
à l'ensemble, notamment les oiseaux, les cours d'eau ou encore la neige
qui tombe.
Cette qualité graphique entraîne cependant une désagréable
sensation de découpage en la présence de chargements bien plus marqués
que dans Syberia. Ici, une grande partie des transitions entre les zones se matérialisent
par un écran noir de deux à cinq secondes, alors que précédemment
ces transitions, même si elles étaient tout aussi longues avaient
le mérite de toujours montrer les lieux. On pestera souvent quand, par
erreur, on aura franchi un écran et qu'il faudra subir une seconde fois
le même loading pour revenir en arrière.
D'un autre côté,
Syberia II corrige le problème de " cadre " de son prédécesseur.
Les développeurs ont fait l'effort de diminuer l'impression de limites
imposées par l'écran. Concrètement un mur invisible interdisait
de franchir l'écran alors que la rue ne pouvait que continuer. Avec Syberia
II ce sentiment est beaucoup moins perceptible, les limites sont en général
matérialisées par un mur, une porte, une rangée d'arbres
ou encore un précipice. Malgré tout, la frustration revient vite
au galop lorsqu'il est impossible de monter cet escalier ou d'aller vers cette
partie du village où les habitants s'activent. Pire encore, on constate
parfois qu'un lieu devient accessible uniquement après avoir exécuté
diverses tâches, alors que la configuration de l'endroit n'a pas changé
d'un iota. Ce qui nous amène à parler des incohérences présentes
dans ce jeu.
Premièrement l'incohérence majeure, celle qui vous
gâchera l'aventure si vous la considérez : la motivation de Kate.
Difficile de comprendre en effet sa motivation à vouloir à tout
prix aider Hans. Au début elle était partie pour une histoire de
rachat de société, une fois l'affaire conclue, elle décide
de tout lâcher pour réaliser le rêve de ce vieux Hans, alors
qu'il lui suffisait de rentrer chez elle. Mais si cette chose s'était produite,
cette série n'aurait pas pu porter le nom de Syberia. Quoiqu'il en soit,
Benoît Sokal, le scénariste, semble s'être emmêlé
les stylos à l'écriture du scénario... Ensuite ce sont les
incohérences dans les dialogues. Toujours sur la base du carnet d'aventure,
on pose des questions en relation avec un sujet, un objet ou en rapport avec la
mission. De ce côté, rien de gênant. C'est le fait qu'à
plusieurs moment les discussions paraissent décousues, désordonnées
qui pose problème. Sans s'être auparavant présentée,
par exemple, certaines personnes parleront à Kate comme à une amie
de toujours, et si par la suite elle aborde le sujet de son identité, le
ton de l'interlocuteur changera. Enfin quelques défauts sont à noter
au niveau graphique. Les personnes ayant fini le premier Syberia remarqueront
que l'intérieur du train dans lequel voyagent Hans et Kate a fait l'objet
d'un remodelage. Des meubles apparaissent, le tissu des fauteuils diffère
de même que la table n'a plus la même forme. Etrange, alors que seules
quelques heures séparent la fin de Syberia de sa suite. Et puis on constate
également des transitions graphiques inattendues. On pense se diriger vers
un lieu, mais après le chargement, on se retrouve devant une architecture
à laquelle on ne s'attendait pas.
La jouabilité
est elle aussi différente, comme il est dit plus haut la frustration des
limites s'est estompée, mais les développeurs ne se sont pas arrêtés
en si bon chemin. Le principal défaut du premier opus n'est plus de la
partie. Exit les collisions foireuses avec l'environnement. Kate ne se bloque
désormais plus à chaque contact avec un élément du
décor, ce qui la rend bien plus agréable à contrôler.
Maintenant, le curseur ne s'affiche plus là où il est possible
d'interagir, mais dans le bas gauche de l'écran à l'approche d'un
de ces lieux. Et ça, c'est une très mauvaise idée. Ceci implique
qu'il faut, plus qu'avant, longer tous les chemins à la recherche d'objets
qu'on ne découvre qu'au millimètre près. C'est dans ces moments
là qu'on aimerait avoir une souris sur Xbox
Hormis cette nouveauté
malvenue, les joueurs s'énerveront toujours devant ces puzzles illogiques
qui, pour la plupart ne se justifient pas, ou alors par des prétextes vraiment
peu crédibles. Kate, au lieu de se mettre à quatre pattes pour passer
sous un obstacle, s'en ira chercher plusieurs objets qui lui permettront, une
fois combinés, d'arrêter le mécanisme en mouvement. Autrement
dit, pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué.
De même
Kate ramasse des objets, à première vue inutiles, qui lui serviront
pour résoudre certaines énigmes alors même qu'elle n'en a
pas eu connaissance. Par exemple, une poupée russe ramassée au hasard
d'une cabane abandonnée en milieu d'aventure ne lui sera utile qu'à
la fin, et dans quelles conditions !
Pour conclure avec la jouabilité,
abordons le sujet de l'interface des dialogues, car des dialogues, il va y en
avoir. Maintenant les conversations prennent réellement fin, c'est à
dire qu'une fois que le stock de questions est épuisé avec un interlocuteur,
il n'est plus possible de dialoguer avec cette personne, ou alors la discussion
se limitera à " bonjour " et " au revoir ". A l'usage
c'est une très bonne idée puisqu'elle évite de perdre un
temps fou en répétition.
Bien qu'il soit compatible
DD 5.1 Syberia 2 m'a déçu au niveau de la partie sonore en regard
du premier. Pas que les musiques soient mauvaises ou que les bruitages ne soient
pas adaptés, bien au contraire même, mais le doublage est nettement
moins bon que pour Syberia. La personne doublant Kate n'a plus la flamme du premier
opus et nombreux sont les acteurs qui sur jouent : Entendre s'esclaffer une enfant
à chaque fin de réplique, aussi courte soit-elle, devient rapidement
agaçant. Pareil pour la tribu Youkol qui n'a de conversation que ces simples
mots : Kooleet, Tooktoot et Koonookmaag. Mélangés entre eux ces
mots semblent être suffisant pour la communication au sein de la tribu.
Heureusement que le chef possède des notions de français pour soulager
le tympan qu'il nous reste (l'autre étant inactif après avoir supporté
les rires sus-cités ) car des claques se perdent. Avec Syberia 2, on frôle
le moyen, tandis que Syberia s'approchait de la perfection.
La
durée de vie est encore une fois proportionnelle à votre degré
d'ouverture d'esprit, à votre capacité d'adaptation aux puzzles.
En connaissant où se trouvent tous les objets, en connaissant la façon
dont chaque énigme se résout, en clair, après avoir fini
le jeu, on constate que le jeu est très court et que quatre, voire cinq
heures de jeu suffiront à le finir une seconde fois. Mais pour en arriver
à ce résultat, on pourra tourner des heures entières à
la recherche d'un item bien dissimulé ou à chercher la bonne fréquence
d'une radio. Cela dit, après avoir vu la fin, le plaisir éprouvé
à prendre la route de Syberia n'est plus le même par le simple fait
que les énigmes ne posent plus de problèmes
Syberia 2 offre
donc une rejouabilité extrêmement limitée.
Syberia
2 est indispensable pour ceux qui ont fini la première partie de l'histoire
écrite par Benoît Sokal. Malheureusement le scénario demeure
dans cette seconde partie peu captivant, les explications ne viennent pas et la
fin est loin d'être surprenante. La jouabilité est améliorée
sur certains aspect mais en contrepartie elle alourdit les recherches, alors que
la partie sonore perd de son prestige. Si le résumé de Syberia
premier du nom est disponible d'emblée, il est plus que conseillé,
si toutefois cette série vous tente, de vous procurer le premier chapitre
pour commencer, faute de quoi, vous passerez à côté de certaines
subtilités. Reste pour rattraper le tout une réalisation sympathique
et des énigmes à foison. Dommage que cette suite n'aie pas su conserver
le rythme lancé par Syberia. Une aventure qu'on aurait aimé voir
se terminer autrement.
Inspecteur
Gadget - 27.05.04
jouabilité
au millimètre près
les
motivations de Kate restent obscures...
doublage
nettement moins bon que dans le premier
les
nombreuses incohérences
scénario
qui ne trouve pas son second souffle
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l'ambiance
toujours intéressante
graphismes
superbes
musiques
originales
énigmes
insensées et donc corsées
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