Test :Turok
Xbox 360
 
 Editeur : Disney Interactive Studio
Développeur : Propaganda Games
Site officiel : Turok.com
Vidéos : rubrique vidéos
Date de sortie : 07.02.2008
Achat : Amazon.fr, CeDe.ch
  
 

Langue : français
Joueur(s) hors ligne : 1
Xbox Live : oui
Joueurs en ligne : 1 à 16 et jusqu'à 4 en coop
Age recommandé : dès 18 ans

 

Librement basé sur une analyse canonique des nouvelles théories du Dessein intelligent (que n'aurait pas renié John Washington Butler), l'univers de Turok illustre avec une pointe suave d'amertume le problème fondamental de l'enseignement de l'Evolution, en dépeignant un monde qui rassemble êtres humains et dinosaures. L'interprétation libérale (certainement contestable) des deux théories originelles opposées (fixisme et transformisme) sert de postulat prétexte pour perpétuer la tradition séculaire de l'élimination par l'Homme, d'espèces vivantes, en voie de disparition, voire dans ce cas précis, disparues.

Le jeu met en exergue Joseph Turok, qui, à l'image de sa modélisation polygonesque, ressemble à une fusion échouée entre un marine amérindien et une brique de lait. Non content d'avoir un physique ingrat et un nom ridicule, Joseph a en plus la fâcheuse habitude de s'accommoder d'un scénario totalement naze. Paléontologue belliqueux de formation, Joseph a réorienté sa carrière professionnelle par un stage d'épistémologie pour finalement (après trois tentatives infructueuses et de nombreuses visites chez la psychologue de la base) décrocher son brevet de soldat de l'espace. Arc et couteau à la main, le voilà donc échoué sur une xénoplanète inhospitalière à la recherche de son vieux mentor, Roland Kane. Le scénario fera d'ailleurs référence au passé commun de ces deux personnages à travers des flashbacks tout le long de l'aventure. Mais avec une mise en scène digne d'un fan de Uwe Boll sous diazépam.

Ce qui frappe immédiatement lorsque le jeu se lance, c'est que l'Unreal Engine a été mal utilisé. Tous les bugs connus de ce moteur (textures lentes à l'affichage, pour ne citer que le plus célèbre) sont présents dans le FPS de Propaganda Games. Pire, ils ont même ajouté d'autres défauts techniques pour être sûr que le jeu paraisse fini à la fiente de ptérodactyle: bloom abusé (les personnages ont l'air d'être radioactifs), bugs divers d'affichage, textures grossières et répétitives, modélisations carrées des humains (les dinosaures s'en sortent beaucoup mieux), level design souvent linéaire et peu inspiré, aliasing playstationdeuesque (même en 1080p), etc. Le jeu est graphiquement très moyen, la première heure est un calvaire: grottes sombres taillées à la serpe, complexes militaires remplis de brouillard et décors extérieurs quelconques. Cela s'arrange par la suite mais on sent que le jeu aurait grandement gagné à être optimisé. Certains environnements méritent qu'on s'y promène, mais il y a toujours un élément qui vient rappeler la pauvreté de la finition du titre. Par exemple, la luxuriante végétation est convaincante et les hautes herbes balayées au gré du vent ou bougeant frénétiquement lorsqu'une bande de vicieux vélociraptors vous y traque, renforce l'immersion et l'ambiance particulière de ces décors. Mais les gigantesques arbres définitivement trop carrés la brisent l'instant suivant. Dommage. L'animation est relativement fluide, mais n'est pas optimale lorsqu'il s'agit d'être précis (surtout avec les vils et vifs raptors). On est bien loin de COD4 et de ses 60 images par secondes et sa précision chirurgicale.

La partie sonore est également pleinement mitigée. Tant et si bien qu'elle n'est finalement qu'unilatéralement décevante: non peu fier d'avoir une synchronisation labiale complètement à côté de la plaque, les doublages en français sont ridicules et les "acteurs" doublant les personnages font preuve d'un zèle acharné pour paraître le plus risible et le moins dans le ton possible (avec une intonation monocorde pour être sûr de ne pas réveiller le joueur). Pour leur défense, il faut dire que les dialogues volent tellement bas qu'il aurait été dommage d'élever le niveau... Les sons des armes sont égaux à leur originalité, pantoisement quelconques. La musique s'en sort un peu mieux, mais il serait temps de penser à remplacer cette sous-soupe symphonique qui sévit depuis que Hans Zimmer est à la mode.

Après autant d'éloges tautologiques sur la partie technique, intéressons-nous à la jouabilité.
Turok dispose de nombreuses armes pour éradiquer ses ennemis. Le fameux arc fait des merveilles à longue portée et s'avère silencieux pour peu qu'il soit utilisé intelligemment. A l'instar de John Rambo, le couteau mis à disposition très tôt dans l'aventure sera un compagnon fidèle pour trancher/découper/éviscérer ses victimes fourbement. Le jeu prend d'ailleurs exemple sur Gears of War et sa tronçonneuse en lançant une animation (la vue passe à la troisième personne) jouissive montrant toute la brutalité du héros iroquois. Le problème est qu'il faut être au bon endroit par rapport à sa cible (ce qui ne pose pas trop de soucis avec des ennemis immobiles ou non alertés) et que cela demande une trop grande précision dans le feu de l'action et on se retrouve trop souvent à être débordé, puis finalement à donner des coups dans le vide et inévitablement par se faire bouffer ou par se faire trouer la peau. On en revient donc à la méthode bourrine en utilisant les armes de tir. Un peu décevant. Certes, on s'amuse quand même (et c'est bien là le principal), car l'ambiance chasseur traqué, traqueur chassé fonctionne plutôt bien. Les dinosaures y sont pour beaucoup, très vifs et ne laissant aucun répit en vous pourchassant inlassablement. Le jeu fait d'ailleurs usage de séquences de QTE quand un dino essaie de vous choper à la carotide et qu'il faut se débattre pour ne pas finir en repas. Amusantes au début, ces séquences deviennent lassantes par la suite et accentuent le côté répétitif de l'action. Et il y a les rencontres avec les plus grosses espèces, Tyranosaure en tête, qui font rapidement monter le taux d'adrénaline.

Même si l'on n'échappe pas à l'habituel arsenal qui se compose d'un pistolet, d'une mitrailleuse, d'un fusil à pompe, il faut signaler un second mode de tir qui peut être salvateur, voire même judicieusement utilisé par le gameplay. Je pense notamment au fusil à pompe qui est muni de fusées éclairantes permettant d'attirer les dinos vers les ennemis et de laisser tout ce joyeux monde se foutre sur la gueule, pour lâchement finir ceux qui restent à l'arc, ou mieux, en balançant une grenade au milieu de la meute pour la voir s'éparpiller en morceaux de barbaque informes. Là où le bas blesse, c'est dans le design intrinsèque de la jouabilité par le réglage foiré de la difficulté. Cette dernière ne vient pas de l'IA, car en règle générale, les ennemis ont l'idée saugrenue d'être très cons (même si leurs sombres clinquants géniteurs leur ont appris à se cacher, il aurait également fallu leur dire de le faire derrière un abri, et pas devant...), mais plutôt du surnombre d'adversaires venant par d'inlassables grappes. Le jeu n'est pas dur en soi pour celui qui a l'habitude des FPS, mais il y a des passages très mal pensés et desservis par des sauvegardes automatiques trop éloignées. On est loin de l'arrachage de cheveux compulsif de COD4 dans le niveau de difficulté vétéran, mais cela n'aide définitivement ni la fluidité de la progression ni le le plaisir de jeu. De plus cela n'apporte aucune satisfaction particulière lorsque l'on finit par passer - en vociférant à haute et inintelligible voix, des menaces scabreuses envers ces sadiques développeurs - aux checkpoints suivants. Et comme on peut le lire dans les correspondances datant de juillet 1753 de Jean-Jacques Rousseau à l'abbé Raynal sur l'usage dangereux des ustensiles de cuivre; "cela a le mérite d'augmenter artificiellement la durée de vie du jeu"; surtout que la campagne solo peut agréablement se décompter sur quatre mains de Django Reinhardt. Le mode multijoueur a pour son honneur d'exister, même s'il n'est pas des plus palpitants surtout que vous êtes probablement et passablement déjà bien occupés sur celui de COD4 (non, je n'ai pas d'action d'Activision), d'Halo 3, ou pour les plus conservateurs d'entre-vous, celui de Gears of War.

In fine et même si l'on est loin de la déception cruellement complète de l'opus antérieur sorti sur la génération de consoles précédente, Turok n'est pas le chasseur ultime que l'on se devait d'attendre sur cette génération de consoles. Le jeu aurait mérité d'être mieux balancé, mieux optimisé, bref, mieux fini. On s'amuse un temps, les dinosaures étant très certainement un facteur primordial dans ce sens, mais il est d'autant plus décevant et d'autant plus frustrant de pester contre cette difficulté mal dosée, ces bugs incessants et ce côté technique bancal. Turok n'est qu'un jeu moyen et trop peu varié, qui, selon la sélection naturelle, aura du mal à s'adapter et à survivre dans son milieu, la redoutable chaîne alimentaire de meilleurs FPS déjà parus ou à paraître.


LorHan
- 14.02.2008




 
LES PLUS
LES MOINS
 
 

Les dinosaures
Côté bourin assumé
Certains décors

_________________________

Technique bancale
Manque d'originalité
Difficulté mal dosée

_________________________

 
 
Technique :
 
Graphismes :
Son :
Jouabilité :
Durée de vie :
 
Note : 6/10