L'Antiquité a relativement
peu souvent été choisie comme
cadre pour des jeux vidéos dans les dernières
années. Pourtant riche en histoire, en
mythologie et en exotisme, elle s'est souvent
vue préféré le Moyen Age
(plus ou moins fantastique) ou la Seconde Guerre
Mondiale pour citer un événement
plus proche. Rise of the Argonauts, lui, prend
pied en plein dans la mythologie grecque. Le
joueur y est appelé à entrer dans
la peau de Jason, roi de Iolcos attristé
par l'assassinat de sa femme le jour de leurs
noces. Bien décidé à ne
pas accepter ce sort funeste, il décide
de chercher un moyen de ressusciter sa belle,
fût-il obligé de traverser la Grèce
dans tous les sens. Aidés des Argonautes
(ici Hercule, Médée, Achille,
Dédale, Pan, etc.), il s'en va sur son
bateau, aidé dans son périple
par les dieux d'un panthéon quelque peu
réduit : Arès, Apollon, Hermès
et Athéna. On dira que le jeu s'imprègne
de la mythologie, mais il n'hésite pas
à tout mélanger (le destin des
personnages, leurs liens de parenté
)
et à relooker héros et dieux.
La géographie en prend un coup aussi:
Mycènes et Delphes deviennent des îles
dans cette aventure !
Dans les premières minutes
de jeu, Rise of the Argonauts laisse penser
que l'on va se plonger dans un hack'n slash
façon Beowulf,
avec lequel ce titre a quelques ressemblances.
Armé rapidement de ses trois armes, une
épée, une lance et une masse,
Jason terrasse ses premiers adversaires avec
un certain style, renforcé par des ralentis
lors des coups fatals aux opposants. Simple,
le gameplay des combats s'avère après
quelques heures de jeu un peu simpliste. Une
gâchette pour parer, deux touches pour
frapper plus ou moins fort et une autre pour
déstabiliser les adversaires d'une charge
de bouclier, voilà tout ce qu'il faut
maîtriser. Les affrontements sont plutôt
rares, ce qui surprend. En effet, on passe plus
de temps à discuter dans cette aventure
proche d'une sorte de quête teintée
de RPG qu'à combattre. Jason, lorsqu'il
rencontre un personnage et que s'ouvre un dialogue,
dispose de plusieurs choix de réponses,
plus ou moins directes, compatissantes, belliqueuses,
etc. Ces choix, effectués par celui ou
celle qui tient la manette, orienteront le héros
vers l'un des quatre dieux cités plus
haut, chacun ayant ces préférences.
Arès aime la guerre (surprenant ?), Athéna
la vertu, Apollon est branché amour et
compassion tandis qu'Hermès n'a rien
contre un peu de ruse, voire de fourberie.

L'estime que le
quatuor de dieux accorde à Jason peut
être mise à profit et convertie,
via un menu joli mais peu pratique d'accès
(il faut presser start, choisir deux sous-menus
)
en pouvoirs et capacités. Les capacités
sont actives constamment en combat (plus de
force, meilleures parades, etc.), les pouvoirs
doivent être activés par le biais
de la croix directionnelle. Ces petits boni
divins permettent d'enrichir un peu les affrontements,
plutôt fades dans l'ensemble, compte tenu
de la résistance faiblarde des ennemis
et du très gros manque de punch des oppositions.
Les animations sont souvent peu fluides voire
saccadées et les collisions mal rendues.
On est donc un peu forcé de subir ces
combats, qui devraient être le noyau dur
du jeu mais qui sont ici quasi secondaires.
Heureusement, ils s'avèrent brefs et
aisés à remporter. L'aventure
consiste plus en des phases d'exploration et
de dialogues. Ceux-ci alternent le bon et le
moyen. Les doublages en vf sont franchement
moyens, notamment dans la prononciation des
noms propres grecs. Le choix de réponses
est loin d'être aussi riche et varié
que dans les meilleurs RPGs (Mass
Effect, KotoR,
)
mais le récit reste tout de même
intéressant, pour autant que la mythologie,
même retravaillée, soit dans les
centres d'intérêts du joueur. Quelques
pointes d'humour font parfois mouche aussi.
Le joueur a le temps d'admirer
les paysages, étant donné que
l'action est loin d'être aussi intense
que dans un Ninja Gaiden par exemple. De manière
générale, les décors sont
assez jolis, dans l'esprit, un soupçon
revisité, de l'architecture et des mythes
hellènes. Quelques soucis de scintillements
sont à noter. Les personnages, tant qu'ils
ne bougent pas, rendent plutôt bien à
l'écran. Une fois en mouvement, c'est
nettement moins divin
Le jeu affiche un
certain style graphique, qui ne plaira peut-être
pas à tous mais qui a le mérite
d'exister. Dommage que la technique ne suive
pas souvent et que l'on se sente parfois bien
loin des standards technologiques de cette génération
de consoles. Les fréquents chargements
ne contredisent pas cette impression. L'ambiance
sonore est nettement meilleure, une petite musique
douce sert de fond et plonge le joueur quelques
millénaires dans le passé. Les
bruitages, quoique simples, correspondent bien
à l'action. Comme on l'a dit, les dialogues
sont de qualité variable.
Alors, vaut-il
la peine de s'embarquer dans l'Argos avec Jason
? Si on souhaite revivre le mythe tel qu'il
se retrouve dans les textes antiques, non. Si
on espère prendre part à un jeu
d'action intense, non plus. Reste qu'un peu
à l'image de Beowulf, ce Rise of the
Argonauts peut tout de même séduire.
Parce qu'il choisit un cadre mythologique peu
exploité, parce qu'il permet de vivre
une aventure sans trop se prendre la tête
et qu'il dépayse le joueur. Cela ne suffit
tout de même pas à faire de ce
titre un must have, tant il pêche
sur trop de points techniquement. Le contre-pied
inattendu qui fait passer ce titre de jeu d'action
à RPG linéaire qui ne s'assume
pas vraiment refroidira sans doute d'autres
acheteurs potentiels. Un mode multi ou, au moins,
une option de jeu en coopération aurait
pu ajouter un petit souffle épique à
l'aventure également. La toison n'est
donc pas d'or et méritera plutôt
un achat en occasion, moins risqué.
Sam Fisher -
2.2.2009