Amped 3 innove beaucoup par rapport
à ses deux grands frères. On est toujours dans un jeu de snowboard,
on dévale toujours des pentes en enchaînant les tricks et
les combos, mais alors que Amped 1 et 2 étaient relativement austères,
orientés principalement vers la technique et son dur apprentissage, Amped
3 est bien plus simple d'accès et joue à fond, pardon, à
donf, la carte du délire djeunz.
Cette
nouvelle approche est essentiellement marquée par la présence d'une
histoire, d'un scénario complètement délirant que le joueur
vivra aux côtés de ses quatre acolytes surfeurs. Hunter est fan de
manga, Sebastian est plongé dans des délires mystico-écolo-zen,
G-Dawg veut devenir pro, Wienerboy invente des jeux de rôles curieux. Tous
devront lutter contre l'infâme Baron Von Havoc et sa firme. Entre les missions
à remplir pour faire progresser l'intrigue bizarroïde, on pourra assister
à des dizaines de cut-scenes à base de spectacle de marionnettes,
d'images inspirées de vieux jeux d'arcade, de mangas, de collages un peu
space, etc. Même si on salue l'originalité du concept et le délire
assumé des développeurs, qui ont dû bien se marrer en les
préparant, on ne rit pas très souvent. Certains passages sont très
drôles, notamment les petits films de propagande calqués sur des
images d'archives, d'autres vous feront un peu sourire, mais la majorité
de ces séquences n'est pas très amusante voire ennuyeuse et on les
coupera volontiers avant la fin.

Amped
3 est malgré cela un jeu de snowboard. Sur les différentes montagnes
qu'offre le jeu, vous pourrez vous balader à votre guise. La sensation
de liberté est d'ailleurs grande, puisque les premières montagnes
sont immenses (ça se gâte par la suite) et que l'on peut à
tout moment, par l'intermédiaire d'une carte de la zone en 3D, se déplacer
sur un des points de départ pour nos runs. Si on désire se rendre
à un endroit particulier pour y remplir un objectif, on peut le marquer.
Ainsi, une fois sur la piste, un arc-en-ciel nous indiquera sa position. Une très
bonne idée. Notre motoneige est également un bon moyen de se déplacer
rapidement et de remonter la pente. Vous aurez le choix entre les défis
"média", où il s'agira d'impressionner les représentants
d'une marque en réalisant leurs figures préférées,
des duels contre des surfeurs pros, des slaloms qui vous obligeront à passer
dans des portes, des circuits imposés à travers des anneaux, des
"cueillettes" de petits chatons, etc. On citera encore des chutes volontaires
en luge, où il s'agira de se faire le plus mal possible (Jackass
est passé par là...) et la possibilité de multiplier les
performances pour impressionner l'assistance. Tous ces challenges peuvent être
réalisés dans l'ordre que l'on veut et aucun n'est obligatoire,
sauf ceux du mode histoire. Si vous n'aimez pas un type d'épreuves, libre
à vous de l'éviter.
Les
défis vous feront gagner de l'argent, vous permettront de débloquer
des accessoires pour votre surfeur et d'augmenter votre capital de respect, élément
essentiel pour progresser dans l'histoire. Vous remporterez plus en obtenant des
médailles d'or ou d'argent que de bronze, bien entendu. Le scénario
vous obligera à participer à plusieurs de ces épreuves parsemées
sur les montagnes. Mais en plus de celles-ci, vous aurez parfois à prendre
part à des poursuites en motoneige, à une ou deux séquences
en parapente ou encore à une chasse au Yéti. Boucler le scénario
ne prend pas plus de six heures, séquences "cinématiques"
incluses, en allant à l'essentiel, c'est-à-dire en relevant le minimum
de défis. C'est court mais l'histoire centrale ne représente que
la moitié voire le tiers du jeu. Tout remplir à 100% (impressionner
tout le public, remporter toutes les médailles d'or, débloquer les
bonus, etc.) est un challenge autrement plus long, mais tout de même bien
plus court que dans les épisodes précédents.

Parlons
de la pratique du snowboard en elle-même. Dès les premiers instants
de jeu, on remarque que Amped 3 n'a vraiment rien d'une simulation. On enchaîne
les figures avec facilité et notre personnage est dès le début
doué pour les spins, grabs, rails et autres 180°,
360° ou 1024°. On ne débloque que quelques améliorations
du talent de notre avatar, en remportant les duels contre les pros, trop rares,
ainsi que des figures inédites au fil de la progression. Globalement, la
progression est celle de l'habileté du joueur, le surfeur étant
très bon dès le début. Le jeu est très généreux
sur les réceptions: un peu de travers ou carrément perpendiculaire
au sens de la piste, on arrive tout de même souvent à poser sa planche
sans dommage. La variété des figures est conséquente et accessible.
Pour peu que l'on ne soit pas trop maladroit, on arrive à réaliser
tous les types de tricks. Il n'y a plus besoin de sauter sur un rail pour
glisser dessus, cela se fait automatiquement. C'est un avantage dans certains
cas mais cela peut aussi nous faire dévier de la trajectoire voulue. Pour
résumer, on dira que le gameplay a été simplifié.
Le grand public appréciera, mais Amped 3 risque de surprendre les vieux
routards de la poudreuse "ampedique". Dommage que la caméra cause
parfois des soucis, souvent parce qu'elle colle trop au surfeur. Toujours concernant
la caméra, on regrette l'angle de vue imposé lors des défis
média.
Techniquement, Amped 3
est plutôt décevant. Le personnage principal est correctement modélisé,
ses vêtements sont détaillés et les animations en l'air tiennent
la route. Pourtant, on ne peut éviter de remarquer une rigidité
dans les mouvements et une fluidité pas franchement exemplaire. Les deux
ou trois premières montagnes sont immenses et riches, on y admire la profondeur
de champ affichée par le jeu. Par contre, la neige est presque moins bien
réussie que sur Xbox. La traînée laissée derrière
le snowboard fait pitié, les arbres sont tous les mêmes et franchement
basiques, les rochers offrent des textures que l'on aurait jugées belles
il y a cinq ans, les collisions sont aléatoires et souvent ratées
ou bugguées, les autres surfeurs et skieurs apparaissent parfois à
l'écran comme par magie... la liste des tares est longue. Au début,
le faible niveau de détail général est compensé par
l'étendue neigeuse visible et praticable. Mais cette consolation n'existe
plus avec les quatre ou cinq dernières montagnes, rikiki et étroites.
Un peu bâclé, Amped 3? Certainement... Pour prolonger légèrement
la durée d'utilisation de ces pistes malingres, on peut y implanter des
éléments de snowpark (rampes, voitures, balles de foin, etc.)
que l'on débloque dans des défis. Les doublages sont moyens mais
dans le ton un peu crétin de l'aventure proposée. Les musiques,
elles, comme c'est la coutume dans la série Amped, sont de bonne qualité.
Du rock plus ou moins violent accompagnera vos descentes, entrecoupé de
rares passages "hip-hopiens".

Ce
titre se prêterait bien au jeu à plusieurs mais il offre une expérience
principalement solitaire, puisqu'il n'y a pas, exceptés quelques rares
défis qui doivent être joués en coopération, de vrai
mode multijoueur. Ni en écran partagé, ni en Lan, ni en Live. C'est
étrange et encore une fois, on supposera que le manque de temps a empêché
d'implanter tout cela. On guettera donc de potentiels téléchargements
sur le Live.
Malgré ses défauts,
Amped 3 n'est pas un mauvais jeu. On éprouve de bonnes sensations, de glisse,
de liberté et de fun. On prend plaisir à remplir les épreuves
nombreuses et pas toujours évidentes. Seulement, les multiples défauts
techniques et graphiques entachent les runs endiablés qui auraient
mérité un écrin plus pur. Par ailleurs, l'humour un peu débile
ne plaira pas à tout le monde et on ne peut s'empêcher de penser
que ce scénario est en partie présent pour cacher le manque de travail
sur l'essence du jeu, le snowboard. C'est d'ailleurs certainement le plus gros
défaut d'Amped 3, il s'éloigne considérablement de ce qui
devrait être sa moelle substantifique, en oubliant de lui consacrer plus
de place. Les addicts de la poudreuse non coupée avec du délire
psychédélique se hâteront de finir l'aventure pour pouvoir
surfer en paix. Car après tout, les moments passés sur la planche
sont plaisants.
Sam Fisher -
30.12.2005