| Test
: Splinter Cell Double Agent |
Xbox
360 | |
|  | Editeur
: Ubisoft Développeur
: Ubisoft Site
officiel : splintercell.fr
Vidéos : rubrique
vidéos Date de sortie : 19.10.2006 Achat : Amazon.fr,
CeDe.ch | | |
| Langue
: français Joueur(s) hors ligne : 1 Xbox Live : oui Joueurs
en ligne : 1 à 6 Age recommandé : dès 18 ans | |
Sam
Fisher portant des lunettes de soleil en pleine mission, voilà bien un
spectacle auquel les joueurs ne sattendaient sûrement pas. Pourtant,
cest bien ce qui va arriver dans la mission congolaise de lagent de
lombre, immergé dans les rues ensoleillées de la cité
de Kinshasa, en pleine guerre civile. Cest la grande nouveauté de
Double Agent : Sam va vivre une sorte de renaissance, après avoir été
au fond du trou à cause de la mort de sa fille. A lombre et non dans
lombre, derrière les barreaux de la prison dEllsworth, il démarre
la plus dangereuse de ses aventures, être un agent double, ce qui le conduira
à revoir le jour, une manière comme une autre dexpulser les
ténèbres qui le rongent.
Double
Agent est sans aucun doute lépisode le plus innovant de la série
Splinter Cell. Les nouveautés sont réelles et pas seulement de légères
évolutions de ce qui a fait le succès des trois premiers volets.
La principale, corollaire de la situation dans laquelle va se retrouver le héros,
cest un système de confiance, basé sur les actions de Fisher.
La NSA, son employeur habituel et la JBA John Browns Army, collectif
terroriste aux ordres dun certain Dufraisne se disputent les talents
du roi de limmersion. Au fil des missions, les objectifs proposés
permettront à Sam de gagner la confiance des uns ou des autres. Perdre
totalement la confiance dun des deux camps est synonyme de « game
over ». Cela ajoute un petit côté moral à laventure,
selon que lon privilégie un des camps et permet trois fins différentes
au jeu, gage de rejouabilité accrue.
Autre nouveauté, mentionnée
dans lintroduction, une approche différente des niveaux. Très
souvent, il fera jour lors des missions. La discrétion exigée doit
donc être obtenue un peu différemment. Pas question de tirer une
balle dans le soleil pour léteindre, cela ne fonctionnera pas. Contourner
les ennemis devient très souvent la meilleure des solutions; lenvironnement
des niveaux, plus ouvert que par le passé, proposant plus de voies daccès
et jouant plus sur la tridimensionnalité, le permet bien. On prend un malin
plaisir à surplomber des gardes, suspendu à un tuyau ou encore à
les contourner en nageant au fond dune piscine de paquebot. Disons-le tout
de suite, on regrette tout de même labsence très fréquente
dombre et la sécurité, voire la sensation de toute-puissance
quelle offrait au joueur. Faire joujou avec les opposants devient plus compliqué.
Dans ces vastes niveaux, situés aux quatre coins du globe (Islande,
Chine, Congo, USA
), les objectifs sont souvent plus nombreux. Tous ne sont
pas prioritaires mais leur remplissage permet de gagner des gadgets supplémentaires
et facilite la progression, tout en la ralentissant parfois. Bien moins linéaires,
susceptibles de changer à tout moment, les missions sont plus prenantes,
on ne sy ennuie jamais. En plus de ce rythme soutenu, on savoure la panoplie
de mouvements de lespion équilibriste, encore très souple
pour son âge de préretraité. Globalement, le gameplay change
peu par rapport à lexcellent Chaos Theory. Quelques ajouts bien pensés
et souvent très classe sont néanmoins au programme. On citera la
possibilité dattraper quelquun qui passe puis de le maîtriser
alors que lon est collé contre un mur dans un angle, de multiples
séquences de natation ou encore briser la glace depuis dessous pour refroidir
définitivement un garde. Quelques nouveaux gadgets sont aussi présents
: grenades IEM, mines étourdissantes et quelques autres. Pour la première
fois, lensemble de mouvements de Sam semble complet, tout ce qui est nécessaire
est présent et les interactions avec le décor très nombreuses
(couper des tissus, des vitres ; se cacher dans une armoire, sous une table
).
Tout cela aide bien à affronter nos opposants qui ont gagné un peu
en intelligence, en organisation et surtout beaucoup en ouïe et en vue. Plus
question de marcher un peu trop lourdement derrière un homme, il sentira
votre présence et vous abattra dune rafale bien placée.
Double
Agent propose un scénario bien plus intéressant que celui des précédentes
aventures. Très peu axé sur des enjeux géopolitiques, on
suit surtout lévolution de Sam Fisher parmi les terroristes et les
personnages sont bien plus denses que par le passé. Pas de général
géorgien ou chinois un peu fou, juste des terroristes bien décidés
à tout faire péter, avec ou sans laide de lagent double.
Lintérêt se trouve dans limplication du joueur dans le
récit. Implication renforcée sur tous les plans. Dabord dans
les missions, qui obligent parfois à choisir un camp selon que lon
accomplisse tel ou tel objectif, mais aussi dans les séquences cinématiques,
qui laissent habituellement le joueur passif. Dufraisne vous demande déliminer
un témoin gênant : appuierez-vous sur la gâchette de votre
manette ? Trahirez-vous votre équipière pour mieux conserver votre
couverture ? Bien que simples, comme les très brefs « Quick Time
Event » (lors dun saut en parachute, pour éviter un crash dhélico,
etc.), ces séquences garantissent immersion et action de manière
soutenue.
Des missions entières se déroulent dans le QG new-yorkais
de la JBA. Pendant un temps limité, 25 minutes, vous allez devoir remplir
toute une série dobjectifs, tant pour la NSA (placer des mouchards,
récolter des empreintes, etc.) que pour la JBA (vous entraîner au
tir, décrypter un mail
). Evidemment, il faudra faire profil bas et
ne pas éveiller les soupçons des bad boys en passant dans les zones
interdites. Légèrement stressantes, ces missions sont prenantes
également. Axées sur des mini-jeux bien pensés (crochetage
de coffre, stand de tir
), sur une habile gestion du temps et sur une forme
de discrétion supplémentaire, parlons de « discrétion
sociale », on les remplit avec plaisir.
Double Agent fait
partie des plus beaux jeux de la 360. Dans notre
dossier
du début du mois, on lannonçait
moins flamboyant quespéré,
notamment à cause de la claque «
quasi next gen » quavait été
Chaos
Theory. On révise quelque
peu notre jugement. Bien sûr, la HD fait
beaucoup, les possesseurs de tubes cathodiques
seront sans doute moins soufflés, mais
les graphismes de ce jeu tiennent le haut du
pavé. Animation et modélisation
de Fisher sont au poil et accentuent son côté
poseur. Les visages, les effets de pluie ou
de transpiration sur la peau, quelques détails
(des machines à sous dans un casino en
ligne, la texture dune table de billard
)
font vraiment plaisir aux pupilles. Un ou deux
niveaux sont tout de même au dessous du
lot, on pense par exemple à celui qui
se déroule en Islande, plutôt terne.
Bien sûr, on aurait aimé que la
qualité technique du niveau de Shanghai,
exclusif à la 360, soit la norme. La
ville autour du gratte-ciel, lintérieur
de lhôtel, léclairage
diffus et coloré offert par les feux
dartifice du nouvel an, tout cela laisse
rêveur. Mention spéciale également
pour la mission à Kinshasa, où
la lumière est très bien rendue.
Laffichage est épuré dans
Double Agent. Une simple petite barre où
défilent les missions en bas à
gauche de lécran et un indicateur
(vert, jaune ou rouge) de discrétion
juste à côté, et cest
tout.
Le son est toujours aussi bon. Quelques fins bruitages ajoutent à la
tension, par exemple lorsque lon passe dans une zone où lon
pourrait être vu. Les bruitages divers sont bons et les voix également.
Se promener dans le QG de la JBA est par exemple très sympa, on y entend
plein de conversations. Bien sûr, le 5.1 renforce tout cela. On constate
avec plaisir aussi que les différents gardes ou soldats croisés
parlent maintenant dans leur vraie langue (arabe, russe, mexicain
) et se
passent de leurs anciens accents caricaturaux et parfois de mauvais goût.
Le mode multijoueurs de Double Agent
est double lui aussi. Il propose des affrontements Versus et un mode "défis
coop". Ce dernier n'a rien à voir avec le mode coopératif de
Chaos Theory, dans lequel
on jouait à deux les aventures d'espions agissant dans l'ombre de Fisher,
en parallèle des missions du scénario principal. Dans les défis
coop de Double Agent, on affronte des bots mercenaires (personnages gérés
par l'I.A.) dans des défis très proches du mode versus. Quatre petites
variantes existent : course aux fichiers, pourcentage max, double agent et meilleur
agent, mais toutes ont pour objectif le téléchargements de fichiers.
Les quelques différences proviennent du fait que certaines de ces épreuves
se jouent contre les mercenaires surarmés d'Upsilon, d'autres en compétition
avec des espions rivaux, d'autres où il faut ramener un fichier après
téléchargement, alors que pour d'autres il suffit de télécharger
sans le ramener à sa base. Il s'agit généralement, à
l'aide d'un gameplay quelque peu différent de celui du solo, de traverser
les cartes avec discrétion pour pirater des terminaux et y dérober
des fichiers, le tout dans les mêmes cartes que le mode versus. Exit donc
tous les mouvements spéciaux du vrai mode coopératif de Chaos Theory,
la possibilité de jouer en écran partagé, ainsi que l'entraide
et les scénarios qui l'accompagnaient. Bien dommage.
Le mode versus
oppose lui aussi trois espions à trois mercenaires, mais à la seule
grosse différence qu'il est ici possible d'incarner ces derniers. Pour
compléter une partie dans laquelle il manque de joueurs, il est possible
d'inclure désormais des bots, dont l'efficacité est remarquable,
mais ceux-ci ne sont disponibles que pour l'équipe des mercenaires. Les
espions tentent, dans quatre types de missions très similaires (objectif,
victoire, exfiltration et infiltration), de s'emparer des fichiers en les téléchargeant,
alors que les mercenaires d'Upsilon sont chargés de les défendre.
Les espions n'ont pas d'armes, seulement des gadgets, alors que leurs vis-à-vis
sont équipés lourdement et se joue en vue FPS. On reste donc en
terrain connu, puisque cela ressemble énormément aux défis
coop décrits ci-dessus. Ubisoft Annecy, responsable de la partie multi
de SCDA, a tenté de rendre le jeu sur le Live plus accessible que par le
passé. Si les joueurs connaissant sur le bout des doigts les quelques dix
cartes proposées auront toujours un net avantage, force est de reconnaître
que toute une série de bonnes idées ont été incluses
pour rendre les cartes plus faciles à assimiler, telles que vidéos
d'explication avant et pendant la mission, marqueurs montrant les passages intéressants,
carte du niveau, etc. Une très bonne chose. Par contre, ce soucis de simplification
prive les joueurs de toute une série de gadgets que l'on avait pour habitude
d'utiliser dans les précédentes épisodes, et rend les modes
de jeu bien moins variés. Les joutes à plusieurs sont toujours autant
plaisantes, plus accessibles, mais peut-être que l'aspect répétitif
s'installera aussi plus rapidement. Signalons enfin la présence de classements,
ainsi que la possibilité de créer un clan, qui semble d'ailleurs
la seule méthode autre que la partie privée pour jouer avec ses
amis au mode versus sur le Live.

Double
Agent est-il le meilleur des Splinter Cell ? Oui et non. On applaudit doublement
les initiatives prises pour ne pas s'endormir sur un gameplay rôdé,
qui aurait pu lasser certains. De vraies bonnes idées, un scénario
qui tient la route, un rythme terrible, plein de points positifs sont à
mettre au crédit de ce quatrième opus. En tant que fans de la première
heure, on regrettera tout de même que Double Agent s'éloigne quelque
peu de ses origines. L'infiltration perd un peu de son importance, le jeu de patience
et d'observation qu'était Splinter Cell est un peu dilué dans un
cocktail plus explosif. Un peu court (comptez une dizaine d'heures pour le finir),
d'autant plus qu'il est possible de sauvegarder quand on veut; cet épisode,
même si on s'y replongera pour obtenir toutes les fins, les divers succès
et le magnifique 100% de discrétion, fait penser à un mélange
de séries télé ou de films - un zeste de Prison Break, de
24, des Experts
Sam Fisher gagne en profondeur et en caractère ce
que Splinter Cell en tant que jeu perd dans ce volet. On regarde et on vit plus
que l'on joue Double Agent. Notre instinct de joueur pourrait être plus
sollicité, on se sent parfois passif devant l'action, notamment lors des
séquences scriptées. Plus immergés dans le récit,
on l'est moins dans le jeu. Davantage tourné vers le grand public, donc
moins élitiste, mais toujours aussi soigné (sacrée performance
que de sortir un épisode par an au top de la qualité !), ce nouveau
Splinter Cell contentera tout le monde par son niveau technique, son mode multi
peaufiné, son ambiance et son gameplay offrant quelques moments très
marquants, même si les habitués auront peut-être l'impression
d'avoir perdu un petit quelque chose en route. Un indispensable de plus sur 360.
Sam Fisher, Max73 pour le multi - 26.10.2006