Avec quatre épisodes en quatre ans (2002
à 2005) sur Xbox première du nom notamment, la série Conflict n'a pas su se renouveler
et évoluer pour s'imposer dans le domaine relativement fermé des jeux de tir tactique
à la troisième personne, malgré un gameplay typé arcade qui lui permettait de
se démarquer quelque peu. Alors que tout pensait à croire que cette licence ne
passerait pas le cap de la nouvelle génération de consoles, Pivotal Games tente
le pari de faire pratiquement table rase du passé en mettant à la retraite la
Red Team et en proposant cette fois une vue à la première personne. Reste à savoir
si cela sera suffisant pour se faire une place au panthéon des meilleurs FPS du
moment.
Solide président de la
République bolivarienne du Venezuela depuis 1999, Hugo Chávez a
du faire face en 2002 à un coup d'état de Pedro Carmona. Une tentative
rapidement avortée à l'époque par une manifestation massive
de la population. Voici la seule entreprise de l'opposition pour renverser le
leader vénézuélien. C'était évidemment avant
la sortie de Conflict : Denied Ops qui pourrait à lui seul changer totalement
le visage politique et économique de ce pays, en exagérant à
peine. Ce titre débute par le déclenchement d'une guerre civile
par les insurgés d'un certain général Ramirez. Les combats
contre les forces militaires font rage dans tout le pays et les Etats-Unis, toujours
enclin à aider les pays qui regorgent d'or noir, décident d'envoyer
une force de maintient de la paix. Ramirez réagit et menace publiquement
d'utiliser des armes de destruction massives, en l'occurrence des bombes nucléaires,
si les Américains foulent le sol vénézuélien. C'est
à partir de ce moment que la Division des Opérations Spéciales
de la CIA rentre en jeu en envoyant sur le terrain deux agents paramilitaires,
Lincoln Graves et Reggie Lang, dans le but d'empêcher ces rebelles d'obtenir
de telles armes. Une aventure, largement inspirée des oeuvres de Tom Clancy,
qui nous emmène aux quatre coins du globe (Sibérie, Rwanda, Amérique
du sud etc.) pour une dizaine de missions au total. On ne va pas trop polémiquer
sur ce genre de scénario mais il faut bien avouer que le vase commence
gentiment à déborder. Attention à l'overdose.
On
incarne donc un binôme très différent mais complémentaire
puisque Graves est un sniper chevronné qui opère en douceur tandis
que Lang, le bourrin de service, préfère jouer avec sa sulfateuse
en toute indiscrétion. La campagne solo permet de passer d'un personnage
à l'autre sur une simple pression de la touche B afin de faire face à
toutes les situations mais aussi varier quelque peu les plaisirs. C'est tout du
moins ce que l'on croit au début. En effet on constate rapidement que Lang
est plus résistant et que sa mitraillette est tout aussi efficace que le
fusil de précision sur des distances moyennes. On préconisera donc
monsieur muscle dans la plupart des cas. Des ordres sommaires comme se déplacer,
suivre ou encore exécuter un tir de supression peuvent également
être donnés. Un aspect tactique relatif puisque notre compagnon s'en
sort généralement bien malgré un certain laxisme de temps
en temps. On ne peut par contre pas en dire autant des ennemis qui jouent régulièrement
les kamikazes en se lançant tête baissée sur nous. De plus,
leurs déplacements sont scriptés et passé l'effet de surprise,
il suffit d'attendre à l'endroit idéal pour les dégommer
à la chaîne. Mais attention, Conflict : Denied Ops n'est pas facile,
loin de là. La faute, ou grâce c'est selon, à des incohérences
en tout genre : les guerrieros munis d'une simple mitraillette nous alignent sans
soucis, à plus de 100 mètres alors qu'il nous faut au minimum trois
cartouches, si on ne réalise pas un headshot, avec le fusil de sniper,
des grenades invisibles explosent, comme par miracle, à nos pieds quand
ce n'est pas Saint Pierre qui nous invite chez lui sans aucune raison apparente.
On a toutefois la possibilité de réanimer à l'infini notre
partenaire en lui injectant dans un temps défini (trois minutes) un produit
miracle. Une particularité qui permet de bénéficier d'une
deuxième vie mais aussi d'envoyer sans crainte notre coéquipier
au charbon afin de jauger les forces adverses.
Techniquement, Conflict : Denied Ops
déçoit. On ne peut s'empêcher de le comparer à Call
of Duty 4, les deux boxant dans la même catégorie et le
constat est affligeant pour le petit dernier de Pivotal Games. Les textures sont
simples et peu détaillées et font malheureusement penser aux rendus
des jeux de la génération précédente. Seuls les différents
éléments destructibles rappellent au passage que l'on se trouve
bien sur Xbox 360. Quant aux personnages, si leur modélisation est convenable
sans pour autant atteindre des sommets, leur façon de se mouvoir est plus
qu'anachronique; l'arthrose n'est pas loin. En ce qui concerne la partie sonore,
on retiendra principalement les dialogues entre les deux protagonistes. Les développeurs
ont voulu apporter un peu d'humour dans ce monde de bruts et comme souvent, cela
ne vole pas bien haut, à la limite du ridicule.
En parallèle de cette partie solo relativement courte (comptez
moins de 10 heures), Conflict : Denied Ops propose de revivre la campagne en coop
avec un ami en écran splitté ou encore via le Xbox Live. C'est sans
aucun doute le point fort de ce titre. Les niveaux ont en effet été
conçus pour le jeu en coopération grâce aux différentes
approches possibles. Il est également conseillé de jouer avec la
verticalité de certains lieux pour élaborer des stratégies
et ainsi profiter au mieux des capacités de chacun des personnages. De
plus, pour varier le plaisir, on peut changer d'avatar après chaque mission.
Des affrontements multijoueurs sont également au programme avec les classiques
deathmatch, team deathmatch et capture de territoires. Cette partie reprend les
particularités du mode campagne. On a donc le choix d'incarner Graves ou
Lang à chaque respawn mais aussi de réanimer nos frères d'armes
lors des matchs en équipe. Par contre, les serveurs étant désespérément
déserts, il nous a été difficile de tester convenablement
ce mode.
Au final, on peut ranger Conflict
: Denied Ops dans la catégorie des FPS moyens qui passeront inaperçus
dans ce genre déjà très représenté. Décevant
techniquement, classique, bourré d'incohérences et caricatural,
ce titre se rattrape quelque peu grâce à son mode coopératif
sympathique qui permet de passer d'agréables moments. C'est bien évidemment
insuffisant pour s'imposer aux côtés de Call of Duty 4 qui a décidément
placé la barre très haut.
Strongbow
- 13.03.2008