Le
Sergent " Soap " MacTavish fait partie des S.A.S, unité d'élite
de l'armée britannique. Paul Jackson, lui aussi sergent, est un membre
du corps des Marines. C'est au travers des yeux de ces deux trouffions, de ces
deux cibles mouvantes lancées dans des conflits qui les dépassent
de très loin, que le joueur parcoure ce nouveau Call of Duty. Multiplicité
des points de vue et des théâtres d'opérations, on retrouve
rapidement, après quelques minutes de jeu et un avant-générique
digne des James Bond (l'assaut d'un cargo secoué par la tempête),
un des points forts de la série. L'immersion, véritable leitmotiv
dans tout bon Call of Duty, est toujours de la partie. Mieux que ça, elle
est totale, dès les premiers instants de jeu. L'assaut de ce fameux cargo,
au sein d'une petite escouade S.A.S, se déroule en quelques minutes seulement,
mais quelques minutes qui laissent le temps au joueur de se dire qu'il est bien
dans un Call of Duty, même si ces ennemis ne crient plus " Granaten
! " ou encore " Kommunisten ! ". Impression qui se verra confirmée
tout au long des deux campagnes parallèles qui finiront par se rejoindre
(l'une mettant aux prises les S.A.S avec des ultranationalistes russes, l'autre
les Marines avec des armées putschistes moyen-orientales dirigées
par un certain Al-Asad).
Le gameplay
n'a changé que d'un petit iota. Le coup de crosse a été remplacé
par un coup de couteau bien plus mortel, mais pour le reste, exception faite des
lunettes de vision nocturne (peu développées lors de la Seconde
Guerre
), rien n'a changé, et on ne s'en plaint pas. Une gâchette
pour tirer, une pour zoomer, une petite gâchette pour les grenades explosives,
l'autre pour les grenades flash (oui, vous avez deviné, elles remplacent
les fumigènes de l'époque), un bouton de saut et trois positions
(debout, accroupi et couché), c'est du classique hyper efficace. Ajoutez
à cela la possibilité de sprinter en appuyant sur le joystick et
vous aurez la recette habituelle légèrement assaisonnée pour
être plus moderne.
Les missions se déroulent toujours de manière
très linéaire. Les environnements étant relativement vastes,
on n'avance pas dans des couloirs, mais on n'en est pas très loin. Généralement,
le seul choix d'itinéraire repose sur un très léger doute
entre prendre le passage de droite et celui de gauche. Mais peu importe, Call
of Duty axe sa mise en scène sur l'explosivité et la surprise, garantie
par des scènes scriptées toujours aussi nombreuses mais ô
combien immersives. Au milieu d'une troupe qui ne cesse de se régénérer
quand un de vos acolytes passe du statut de vivant à KIA (tué au
combat en français), vous affrontez des armées ennemies tout aussi
fournies, voire plus. Si le joueur ne prend pas son courage à deux mains
et n'avance pas, la situation reste souvent bloquée, les ennemis campent
sur leurs positions et se voient renforcés régulièrement.
Une incitation à l'action des mieux pensées donc. Les armes d'il
y a soixante ans ont été remplacées par les outils dont ont
maintenant l'habitude tous les fans de FPS : fusils d'assaut, fusil sniper, lance-grenades,
AK-47 ennemi, lance-roquettes, tous les grands classiques du genre répondent
présents. En quelques secondes seulement, on devient un véritable
expert du maniement de ces faucheuses modernes.
Graphiquement,
on a fait un nouveau saut en avant depuis l'année
dernière et la campagne 39-45. Ce sont
d'abord les animations, principalement des alliés,
qui font plaisir à voir. Admirer la team
dont on fait partie prendre d'assaut un immeuble,
se cacher derrière les bottes de foin
d'un champ russe ou encore répondre à
une embuscade de manière si fluide, c'est
un vrai bonheur. Un peu comme jouer à
des séquences d'un Rainbow Six ou d'un
Ghost Recon, mais sous adrénaline tant
l'action est plus rapide (et donc sans doute
plus proche de la réalité). La
modélisation des soldats a gagné
en détail, et cela aussi du côté
ennemi (même si ses représentants
se ressemblent tous), parfois un peu négligé
par le passé. Les décors, moins
bucoliques que ceux des deux précédents
épisodes, sont tout de même fort
riches et proposent un éclairage de haute
facture qui plonge un peu plus dans l'action.
Et comme toujours, ils nous font voyager, alternent
missions de jour et de nuit et recèlent
plein de bonnes surprises. Seul petit point
faible, certaines textures, pas franchement
top. On justifiera cette faiblesse par l'orientation
du jeu, qui ne laisse que peu de répit
au joueur et donc peu de temps pour aller vérifier
que la texture de la barricade derrière
laquelle il se cache est aussi fine que possible.
Quelques légers bugs, comme des étincelles
qui apparaissent du mauvais côté
d'un mur, sont encore à signaler. Des
broutilles cependant compte tenu de la qualité
graphique globale, qui fait peut-être
bien de Call of Duty 4 le plus beau FPS de guerre
jamais vu.

Les
deux campagnes proposées varient bien les plaisirs. Plus orientée
action chez les Marines que chez les S.A.S (comme le symbolise la manière
d'ouvrir - ou de défoncer
- les portes), elles garantissent des séquences
de jeu dans lesquelles on est lâché dans des batailles immenses et
d'autres, où il s'agira plus de ruser. On mentionnera comme exemples la
mission d'escorte d'un tank pour les Marines ou l'exfiltration d'une région
agricole russe pour les S.A.S, contraints d'éviter les patrouilles - pas
éternellement rassurez-vous - et le faisceau lumineux projeté par
un hélico ennemi. Comme d'habitude, certaines missions resteront gravées
dans la mémoire du joueur tant elles l'immergent et l'obligent à
faire preuve de talent, d'héroïsme et de chance parfois. On a particulièrement
goûté la mission flash-back se déroulant en Ukraine peu après
la catastrophe de Tchernobyl, entièrement dédiée à
l'infiltration, au tir de précision puis à l'exfiltration tendue
d'un coéquipier mal en point ainsi que l'épilogue, très aérien.
Ou, plus classique pour la série, les séquences qui imposent à
notre escouade la défense d'une zone, d'un secteur, d'une colline face
à des troupe surnuméraires, toujours jouissives. C'était
la grande force de Call of Duty, cela reste l'atout majeur de ce quatrième
volet. Et la guerre moderne permet de faire encore plus fort dans la surenchère
explosive (les charges d'hélicos qui vous survolent, les roquettes ennemies
- très nombreuses - qui fusent au milieu des combats
). On ne regrette
pas d'avoir quitté la Seconde Guerre Mondiale pour des conflits plus récents,
même si le jeu perd un peu de l'humour et du chachet particulier à
la série, la faute à une orientation plus sérieuse et qui
prend moins de distance avec la guerre.
Beaucoup
de joueurs ont pu observer ces derniers jours, un exode massif dans leur liste
d'amis vers le titre d'Infinity Ward. La raison est simple, COD 4 sur le Live
est une petite bombe! Même si les idées ne manquaient pas dans COD
3, comme la possibilité d'utiliser toutes sortes de véhicules, le
jeu en réseau s'était vite essoufflé. Ici les sensations
de jeu sont proches voire supérieures au second volet de la série,
ce qui en ravira plus d'un. Comme tout le monde, vous faites vos débuts
en tant que soldat première classe. Afin de grimper dans la hiérarchie
militaire, vous gagnez des points d'expérience en enchaînant les
parties, pas moins de 35 000 points sont nécessaires pour atteindre le
plus haut grade, celui de Général. COD 4 propose six modes de jeu
bien distincts et intéressants destinés au Xbox Live, dont les classiques
mode Deathmatch, rebaptisé ici "mêlée générale",
et Deathmatch par équipe. On retrouve également le très bon
mode QG, où le but est d'occuper et de défendre le plus longtemps
possible sa base aléatoirement définie, enfin s'ajoutent les modes
Sabotage, Recherche et Destruction, et Domination. Bon à savoir pour les
plus ambitieux mais impatients d'entre vous, vous gagnez des points d'expérience
plus rapidement selon le mode de jeu choisi, le QG par exemple. A force de prendre
du galon, plusieurs options s'offrent à vous : la possibilité de
créer ses classes persos (cinq au total), de se donner un nom de clan (idéal
pour ne pas modifier son Gamertag), ou encore de débloquer des "défis
immédiats" à réaliser. Les défis consistent à
remplir en cours de jeu un objectif donné, en vue de gagner des EXP, et
de débloquer de nouveaux accessoires pour customiser ses armes. Concernant
les maps, il en existe une quinzaine, ces dernières sont variées
et bien pensées pour se battre en toute convivialité, en fonction
du nombre de joueurs (jusqu'à 18 en ligne, et 24 pour les parties en LAN).
Bref, ce Call Of Duty risque fort de devenir le jeu le plus joué sur le
Live dans les semaines à venir, tellement il est prenant.
Call of Duty 4 n'a que peu de défauts. Il faut tout de
même en mentionner deux. Le premier, totalement objectif, c'est sa durée
de vie, franchement trop légère pour un titre de cette qualité
(comptez six-sept heures dans le troisième niveau de difficulté
- sur quatre). Sachant que le jeu était déjà en développement
avant la sortie de Call of Duty 3, on était en droit d'attendre plus d'heures
de plaisir (certes quasi ininterrompues tout au long de la campagne) pour notre
argent. Le mode arcade, qui permet de rejouer les missions avec un sytème
de points, n'apporte rien de vraiment substanciel. L'autre défaut, plus
personnel, c'est la tendance parfois trop réaliste de ce titre. Pas lors
des affrontements classiques, lors desquels, malgré des graphismes de plus
en plus proches d'un rendu photo réaliste, on fait encore clairement la
différence entre réalité et jeu, d'autant plus que la franchise
Call of Duty fait dans la surenchère spectaculaire. Là où
on est plus gêné par ce que l'on voit ou joue, c'est lorsque, par
exemple, on assiste à l'explosion d'une bombe nucléaire dans une
cinématique, ou, encore plus dérangeant, cette séquence de
jeu qui nous met aux commandes des canons d'un AC-130, avion qui survole le territoire
ennemi de très haut. Il s'agit alors d'aligner les cibles ennemies sans
le moindre risque, si ce n'est celui de descendre des alliés involontairement,
ce qui arrive souvent tant ils sont durs à distinguer puisque l'on fait
tout cela avec une vision nocturne. Les dialogues qui accompagnent la séquence
rappellent également fortement certaines actualités récentes,
par exemple quand le pilote, par message radio, dit qu'il ne sait pas trop où
se trouvent les cibles (" euh
par là je crois
ah, non
"). Et pendant ce temps, le joueur est invité à canarder tout
ce qui bouge. On se serait passé volontiers d'une telle séquence
(reprise dans le générique de fin), que les développeurs
ont pris soin de placer en Russie et pas au Proche-Orient, le rapprochement ayant
été trop rapide avec ce que l'on a pu voir sur CNN et consorts il
a quelques mois ou années. Un bémol en guide d'avertissement, donc.

Mais
malgré cela, Call of Duty 4 se révèle être une suite
de très grande qualité. La franchise fait d'ailleurs partie des
rares qui se voit enrichie d'un nouveau volet chaque année depuis quelques
temps, et toujours au top de la qualité, technique et ludique. Immersion,
graphismes de folie, son toujours aussi prenant (les explosions assourdissantes,
les missiles qui fusent, les balles qui sifflent), tout est en place pour que
le joueur traverse cette nouvelle campagne, modernisée, de la manière
la plus captivante possible et sans temps mort surtout (tous les FPS ne peuvent
en dire autant). Les afficionados du Live compenseront la durée de vie
faiblarde dans des affrontements potentiellement infinis contre d'autres intelligences
humaines, les autres rageront jusqu'au prochain épisode, qu'ils attendent
sans doute déjà, tant les Call of Duty peuvent être addictifs.