Toujours à la recherche d'éléments
pouvant servir à éclairer son passé, Lara va se rendre en
Bolivie après un contact téléphonique avec Anaya, une amie
de longue date, qui a eu vent d'une rumeur selon laquelle une relique intéressante
se situerait sur ce territoire. Catapultée sur place avec son petit sac
à dos, elle s'embarque dans une aventure qui lui apportera des réponses,
mais aussi des révélations et des règlements de compte.
Tout
joueur qui se respecte se souvient plus ou moins de ses premiers pas dans Tomb
Raider premier du nom, il y a dix ans, à l'époque des premières
cartes accélératrices 3D sur PC. C'était bigrement joli,
mais qu'est-ce que c'était dur. Ce jeu proposait un système de sauts
loin d'être pratique et un entraînement conséquent indispensable
sous peine de chute lamentable. De plus, on découvrait là l'un des
premiers jeux de l'histoire en full 3D avec le personnage principal constamment
à l'écran, ce qui signifie qu'il fallait jouer les caméramans
de fortune. Les épisodes se sont ensuite enchaînés, au rythme
de presque un par année, mais les joueurs s'en sont lassés, entre
autres à cause d'un gameplay capricieux et d'une difficulté mal
adaptée. Aujourd'hui, les choses ont bien changé : des caméras,
on en a eu sous le pouce dans cette dernière décennie, et la réalisation
des différents mouvements est presque instinctive, à tel point que
la majeure partie du premier niveau qui sert de tutorial n'est finalement que
peu utile (mais si jolie).
Toutes les
manuvres à réaliser sont bien pensées. On se surprendra
à plusieurs reprises à réussir une série de cascades
sans fautes en enchaînant les branches, les rebords et les lianes. La touche
la plus sollicitée est sans surprise celle portant la mention A. Celle
qui sert à sauter. Car tout jeu d'aventure qu'il est, Tomb Raider Legend
n'en reste pas moins jeu de plate forme.
Dans ce septième épisode,
la licence ayant été retirée à Core
Design, les développeurs de chez Crystal
Dynamics ont inclus quelques éléments qui donnent un
peu de sang neuf à la série. Il s'agit en premier lieu de ce système
que l'on a découvert dans Shenmue sur feu la Dreamcast, le Quick Time Event.
A divers moment de ses roulades et autres galipettes, la demoiselle sera en danger.
Pour s'en sortir, une seule solution : actionner le bouton qui s'affiche à
l'écran dans le court laps de temps imposé par la scène.
Si vos réflexes sont proportionnels au périmètre mammaire
de Lara, vous vous en sortirez haut la main, et dans le cas contraire, la pauvre
finira charcutée, cisaillée, dénudée ou encore écrasée
(une erreur s'est glissée dans cette énumération). Heureusement,
après un échec - et un chargement - on retournera dix mètres
dans le passé afin de pouvoir répéter la séquence.
O joie ! Des sauvegardes automatiques.
Dans un deuxième temps, il
est question des combats. Dorénavant, il est possible d'interagir avec
l'environnement, ce qui facilite grandement la tâche, fait économiser
des munitions et, avouons-le, rend plus heureux à l'issue de la joute.
Ainsi, on peut tirer dans un bidon d'essence pour faire bondir ses voisins humains
ou faire chuter quelques pierres pour humilier les affreux. Tout cela est réalisable
via la touche Y lorsqu'un combat est engagé. On regrettera juste que ces
éléments devenus inutiles ne restent pas affichés sur l'aire
de jeu. Les corps et les pierres disparaissent ainsi très rapidement. Autre
nouveauté réussie de la série, Lara dispose désormais
d'un grappin magnétique qui lui permet d'accrocher divers objets métalliques,
soit pour les faire tomber à distance, soit pour s'y suspendre et franchir
ainsi un obstacle.
Pour clore ce développement sur les détails
concernant la jouabilité abordons enfin le sujet de la nage et de la conduite
à moto. La nage sous-marine a mauvaise réputation dans l'esprit
de chacun, ludiquement parlant. Dans Tomb Raider Legend, il faudra réviser
cette idée reçue qui veut qu'une fois dans l'eau
on patauge.
Avec très peu de pratique, on parvient à des miracles de fluidité.
Le système est on ne peut plus simple et consiste à étager
la progression sous l'eau. Une pression sur B, et Lara nage vers le bas, et pour
remonter, on appuie sur A. Le reste du temps, il suffit de diriger le stick gauche
dans la direction voulue. Un système dont devrait s'inspirer de nombreux
jeux à l'avenir. En revanche, en ce qui concerne les déplacements
à deux roues, ce n'est pas aussi joyeux. Les commandes sont quelques peu
déstabilisantes puisque l'accélérateur et le frein ne se
situent pas sur les gâchettes mais sur les touches A et X respectivement.
On fait avec.

Comme
dans chacun des épisodes de la série, la partie sonore a fait l'objet
d'un grand soin. On bénéficie à nouveau d'une Lara Croft
plus que convaincante avec un ton à la fois hautain et ironique qui lui
procure une aura sensuelle. On ne pourra pas en dire autant de certains personnages
secondaires comme par exemple les camarades qui communiquent avec Lara via son
oreillette. Agaçants parfois, ils nous obligeraient presque à utiliser
les sous-titres tellement les cafouillages sont légion. On aurait pu conseiller
à ces doubleurs (Omar
et Fred) de finir leur assiette de raviolis avant de se lancer dans
l'aventure
Rien de gravissime cependant. Les musiques quant à elles
restent toujours aussi discrètes et se manifestent principalement lorsque
l'on arrive dans les endroits importants. Mentions spéciales aux génériques
de début, de fin et surtout au thème sonore du manoir de Lara qui
nous fait passer un moment très agréable auditivement. Pour ce qui
est des bruitages, on atteint ici encore des sommets. Que ce soit les bruits sourds
des mouvements sub-aquatiques, le souffle du vent, le feu qui crépite ou
encore les pas félins de Lara sur la roche sèche, tout contribue
de fort belle manière à l'ambiance sonore.
Du
fait de la profession de Lara Croft, on ne visitera pas les terres hostiles d'une
planète quelconque en proie à l'invasion d'une race alien. La bougresse
se contentera de fouiller des ruines boliviennes humides, des sites archéologiques
kazakhs abandonnés ou encore un miteux lieu touristique anglais plein de
surprise. L'aventure se compose de huit niveaux à l'architecture souvent
bien conçue et aux pièges et puzzles réguliers. La progression
se fait sans grandes embûches grâce à un système de
sauvegardes automatiques intelligent. Ce qui nous permet d'apprécier sans
trop se méfier les décors clairement impressionnants. Même
s'il s'agit d'un jeu disponible sur les machines anciennement next-gen, la version
Xbox 360 nous propose tout un tas d'effets bluffants. Il suffit de faire quelques
pas dans le premier niveau pour se rendre compte qu'un soin tout particulier a
été apporté à la réalisation de l'eau. Les
remous, les vagues, les éclaboussures et les reflets sont on ne peut plus
réalistes. Et si l'on creuse un peu dans cette matière hautement
liquide, on pourra admirer la chasseuse de reliques effectuer des mouvements qui
produiront des bulles du plus bel effet.
La plupart des textures possède
un relief rongé par les millénaires. Des crevasses dans la pierre,
des murs qui s'effritent, des pavés déformés, des statues
érodées. Tout cela fleure bon l'authentique. A cela s'ajoutent des
effets de particules, comme la poussière, que l'on retrouve par exemple
dans les temples percés par un lourd soleil. Très joli. De même,
l'ombre et la lumière sont extrêmement bien gérées.
La lampe que porte constamment Lara et que l'on actionne avec la croix directionnelle
occasionne une très fidèle projection de ce qui se trouve face à
elle. La lumière émise par les sources naturelles n'est pas en reste
et l'on sera parfois ébloui au sens premier du terme.
Le tableau n'est
pas aussi idyllique pour tous les niveaux. Disons que les aires naturelles sont
nettement au-dessus des niveaux en intérieur comme le building au Japon.
Par chance, ce type de lieux à visiter est très limité. On
remarque aussi quelques textures ou reliefs avec des arrêtes franches mais
il s'agit d'un détail sans grande importance.
Pour ce qui est de la
réalisation des ennemis, on a tendance à ne pas y faire attention
puisque la plupart du temps, ils sont mis à terre à distance, mais
de près on constate un léger laisser aller de la part des développeurs,
qui se sont tout naturellement focalisés sur Madame l'héroïne.
Lara Croft est bien sûr correctement modélisée, mais ce qui
attire irrémédiablement l'attention, ce sont ses déplacements.
Ainsi, son déhanchement chaloupé, sa posture lorsqu'elle tente de
se faufiler discrètement ou encore sa façon de se mouvoir sous l'eau
par exemple lui donne un cachet réaliste des plus agréables. Alors
si en plus on y ajoute qu'elle revêtira un nombre conséquent de tenues
différentes plus sexy les unes que les autres (mis à part la tenue
d'hiver évidemment). Entre la robe de soirée fendue, la tenue de
rebelle motarde ou le short de sport, il y a de quoi varier les plaisirs. A noter
que durant l'aventure, un petit flash-back sera présent durant lequel on
dirigera une Lara plus jeune, avec son cultissime T-shirt en latex vert que l'on
a pu découvrir dès le premier épisode de la série.
Autre petit détail mais qui sera une bénédiction pour certains
: Sortie de l'eau, Lara reste encore mouillée et l'eau ruisselle sur son
corps. La belle se paie même le luxe de se salir si elle effectue plusieurs
roulades.
Du côté technique, il est regrettable de déceler
de minis ralentissements lors des régulières sauvegardes automatiques,
ou lors de l'utilisation de la lampe torche. Ceux-ci ne semblent étonnament
présents que lorsque l'on joue à Tomb Raider en HD. Dans le même
registre, les chargements entre les niveaux sont parfois bien longs.
L'un des principaux qualificatifs que l'on
pouvait attribuer aux précédents Tomb Raider, c'est le mot difficile.
On se souviendra avec rage de ces salles de vingt mètres de haut dans lesquelles
le moindre faux pas était synonyme de retour à zéro, de ces
puzzles à grande échelle, de ces sauts ratés à la
seconde près, de ces morts honteuses provoquées par des boulets
de pierre énormes et enfin de ces boss insensibles aux atouts de la belle.
Oubliez tout cela ! Ce Tomb Raider est une promenade de santé. Rares seront
les moments où l'on se triturera les méninges afin de trouver la
solution d'un puzzle. Les pièges autrefois fourbes et inévitables
sans y être tombé au moins une fois sont ici remplacés par
des mécanismes visibles qu'il suffira d'éviter avec force de souplesse
et de vitesse. Cela rend le jeu moins frustrant. En revanche, en ce qui concerne
les quelques supposés boss que l'on rencontrera, il s'agira juste de vider
ses chargeurs sans trop réfléchir, mis à part pour l'un d'entre
eux qui donnera du fil à retordre. D'ordre général, on arrive
à les vaincre dès le premier essai, tout du moins en mode facile.
Car le jeu dispose d'un mode de difficulté nommé "raid"
qui prolonge un tantinet la durée de vie pour les joueurs avides de challenge
et désireux de vouloir obtenir les fameux 1000 points que chaque jeu Xbox
360 propose. Une fois l'aventure finie, en moins d'une dizaine d'heures en prenant
vraiment son temps, il est intéressant de refaire tous les niveaux indépendamment
de l'aventure principale afin de récupérer tous les trésors
d'or, d'argent et de bronze, sources de bonus souvent intéressants (upgrade
du pistolet, vidéos, code de triche, tenues, croquis, etc). Aussi, Pour
faire durer l'expérience, un mode contre la montre est présent qui
permet également de remporter des tenues. Enfin, le manoir des Croft nous
propose de visiter l'une des demeures de la riche héritière et d'y
découvrir tous ses trésors et passages secrets. Très bonne
idée.

Entre
les mains de Crystal Dynamics, la série Tomb Raider se dote d'un nouveau
hit mais surtout de l'épisode le plus sympathique à jouer et, époque
oblige, le plus joli. On pourrait certes le critiquer sur quelques aspects dont
principalement la durée de vie, mais ce serait faire la fine bouche tant
les bonus abondent. Tomb Raider Legend est définitivement un grand jeu
qui mérite une attention certaine de votre part. Reparti sur de telles
bases, on aimerait avoir un nouveau Tomb Raider tous les ans, et déduction
faite du dénouement de l'aventure, cela ne nous surprendrait pas
Inspecteur Gadget - 26.04.2006