Lorsque l'on évoque Bizarre Creation, la
série à succès Project
Gotham Racing nous vient immédiatement à l'esprit. Alors quand le studio
anglais annonce en 2006 le développement d'un jeu de tir à la troisième personne,
notre sentiment est partagé entre curiosité et inquiétude, un peu comme si Jean-Luc
Godard réalisait une comédie grand public. Mais The Club, c'est aussi la seconde
collaboration entre Sega et Bizarre Creation, les deux entités ayant déjà produit
l'excellent Metropolis Street Racer (MSR) sur la défunte Dreamcast.
The
Club est une organisation financée par des millionnaires qui ont fait fortune
grâce à des activités peu légales telles que le trafic d'armes ou de drogues.
En mal de sensations fortes, ils ont racheté différents lieux laissés à l'abandon
afin d'y organiser un tournoi où le principe est simple, tuer ou être tué.
Un concept qui n'est pas sans rappeler celui du film Running Man ou encore Battle
Royale. Il ne s'agit donc pas de tuer pour sauver le monde ou encore sa chère
et tendre mais bel et bien de réaliser le meilleur score en abattant à la chaîne
des ennemis. Huit personnages, présentés sommairement en guise d'intro, peuvent
être incarnés et affichent chacun des caractéristiques différentes (résistance,
puissance, endurance). Une fois ce choix effectué, on se dirige sur la partie
principale de ce titre, le mode tournoi où huit niveaux différents, déblocables
au fur et à mesure de notre progression, sont proposés. Ces derniers sont découpés
en plusieurs épreuves qui consistent à trouver la sortie en marquant le plus de
points possible, à survivre dans une zone délimitée pendant un certain temps,
à terminer un niveau avant la fin du chrono ou encore à effectuer un parcours
à plusieurs reprises en contre la montre. Au final, le but est toujours identique,
comptabiliser le plus haut score pour se hisser au sommet du classement. Pour
se faire, il ne faut pas tout simplement tuer les nombreux ennemis qui se mettent
en travers de notre chemin mais le faire avec classe et précision. The Club offre
plusieurs possibilités pour gonfler nos points comme exécuter une roulade ou se
retourner rapidement avant d'abattre un opposant, aligner les headshots ou les
tirs lointains et évidemment tuer en rythme. En effet, un multiplicateur augmente
à chaque victime et diminue progressivement si on n'enchaîne pas les frags. Il
est donc nécessaire de recommencer encore et encore les mêmes stages pour mémoriser
l'emplacement des ennemis, des soins et des armes si on veut espérer atteindre
la première place, certes facile en mode débutant mais bien moins aisée dans les
autres niveaux de difficulté. Un classement en ligne via le Xbox Live est également
disponible et permet de se mesurer aux meilleurs et de remporter quelques succès.
Un principe très arcade et old-shool auquel il vaut mieux adhérer si on ne veut
pas survoler cette très courte partie solo qui se termine en quelques heures.
De plus, il n'y a pas vraiment de conditions pour progresser, il suffit de terminer
le niveau pour accéder au suivant.
En ce qui concerne le gameplay, il est
nerveux, basique, sans fioriture et colle parfaitement à ce genre de rush qui
ne dépasse en général pas les trois minutes de jeu. La gâchette gauche permet
de passer à une vue à la première personne pour une meilleure visée, la droite
pour le tir, le bouton B est utilisé pour lancer des grenades, le A pour réaliser
des roulades et franchir des obstacles, le Y pour se retourner rapidement et le
X pour recharger. On peut également sprinter grâce à la gâchette haute droite
ce qui n'est pas sans rappeler la course tête baissée de Marcus Fenix dans Gears
of War. On regrette toutefois que la réactivité du personnage soit
un peu faible même en ajustant les paramètres de visée et de déplacement.
On
a été habitué aux belles carrosseries modélisées avec soin par Bizarre Creation
et on peut sans rougir constater que The Club est du même acabit. Techniquement,
le jeu séduit par ses environnements qui transcrivent à merveille cet univers
et cette ambiance underground. Dans le désordre, on a par exemple l'occasion d'en
découdre sur un paquebot échoué, dans une prison russe à l'abandon, au travers
de ruelles glauques de Venise ou encore à l'intérieur d'un manoir délabré. Tous
ces lieux bénéficient de textures détaillées et se voient même dotés d'éléments
destructibles avec un effet de masse fort convainquant. Si les personnages jouissent
également d'une réalisation soignée visuellement, leurs mouvements sont par contre
peu réalistes et rigides. On peut aussi noter dans les points négatifs, le rendu
sonore un peu cheap et étouffé des armes qui rappel vaguement le bruit des carabines
à plomb de notre enfance et une version française à la rue.
En
parallèle au mode tournoi, on peut également participer à une partie rapide ou
encore créer son propre championnat. Des affrontements multijoueurs jusqu'à quatre
joueurs en local et jusqu'à huit en ligne sont aussi au programme. Ces derniers
sont par contre plus classiques avec du deathmatch, team deathmatch et capture
de postes. Il est toutefois possible de modifier les conditions pour remporter
une manche comme par exemple accumuler le plus de points. On peut comparer ces
parties en ligne avec celles de Gears of War, nerveuses et intenses, mais les
soucis de précision et de réactivité, passable en solo, ternissent considérablement
ce mode.
Au final, Bizarre Creation nous
délivre un titre original, différent, techniquement réussi malgré des animations
et une réactivité légèrement en dessous mais réservé à un public bien particulier.
On peut par ailleurs résumer The Club en une expression : on aime ou on n'aime
pas. Les joueurs qui apprécient les jeux d'arcade old-shool, les challenges et
sont prêts à faire et refaire les mêmes niveaux pour figurer au sommet de la hiérarchie
mondiale trouveront sans aucun doute leur compte. Les autres n'y verront qu'un
jeu bourrin sans réel intérêt et décrocheront rapidement. Vous voilà prévenu.
Strongbow
- 31.03.2008