Piranha Bytes,
créateur de la série Gothic et,
récemment privé de cette licence
puisque séparé de l'éditeur
Jowood, n'a rien perdu de son talent et de son
savoir-faire en matière de RPG et le
prouve en créant Risen. Celui-ci débute
au moment où, suite au naufrage de notre
bateau, on se réveille sur une île
pour le moins inhospitalière, seul survivant
avec Sarah, une jeune femme, de cette catastrophe.
L'exploration de cette île s'annonce riche
en découvertes et en émotions.
Trois factions
sont en présence sur l'île. Les
rebelles, menés par Don Esteban, maîtres
de celle-ci jusqu'à l'arrivée
des Inquisiteurs. Les mages du Monastère,
dirigés par Maître Ignace et l'Inquisition,
dirigée par l'Inquisiteur Mendoza. L'apparition
de ruines mystérieuses, les secrets,
les artefacts et les richesses qu'elles renferment
attirent toutes les convoitises. Ceux qui ont
déjà joué à Gothic
3 sur PC se retrouveront d'emblée de
jeu en terrain connu tant les similitudes entre
les deux titres sont flagrantes. Les autres,
seront fort surpris de se retrouver avec un
avatar imposé, sans pouvoir le personnaliser
de quelque façon que ce soit. De même,
l'approche de Risen, en tant que RPG risque
d'en déconcerter plus d'un tant il s'avère,
au premier abord, archaïque. Ici, pas d'assistanat.
Les donneurs de quêtes n'ont aucun signe
distinctif. On obtient des quêtes en parlant
avec tout le monde, en allant à la rencontre
de tous ceux que l'on croise. Les ennemis ne
bénéficient d'aucune indication
concernant leur niveau et, ainsi, on ne sait
jamais si notre adversaire est à notre
portée ou si on va prendre une raclée
avant de l'avoir attaqué. Si se faire
atomiser par un squelette, une goule, un scorpion
géant ou encore un adversaire humain
est, d'un point de vue fierté, acceptable,
se faire désintégrer par un sanglier,
un loup ou, pire encore, un criquet (de guerre)
géant l'est beaucoup moins et risque
de froisser plus d'une susceptibilité.
La carte des lieux ne s'affiche qu'une fois
que l'on a exploré la zone ou que l'on
en a récupéré une. De même,
les accros et habitués à une overdose
d'équipements, armes et armures magiques
en tous genres risquent, là aussi, de
tirer la langue puisque ceux-ci sont très
rares et que, bien souvent, on se fabriquera
armes, anneaux et amulettes nous-même
grâce à nos compétences
en artisanat et en joaillerie. De même,
il n'y a pas de classes de personnage à
proprement parler mais plutôt des orientations
que l'on choisira auprès des maîtres
d'apprentissage.
Elément
fondamental dans Risen, la liberté quasi-totale
qui nous est laissée. On peut ainsi choisir
de faire ce que bon nous semble. Par exemple,
à un moment, à Port Faranga, la
ville principale de l'île, on doit aller
s'entretenir avec un pirate qui est retenu prisonnier.
Pour parvenir à obtenir cet entretien,
on peut utiliser divers moyens auprès
de son gardien, comme tenter de le soudoyer,
le frapper ou bien lui rendre un service, à
savoir lui trouver une fille pour le distraire
pendant que l'on va voir le prisonnier qu'il
est censé surveiller. De même,
on doit aussi, à un autre moment, récupérer
de l'argent pour un PNJ auprès de mauvais
payeurs. Là encore, diverses possibilités
s'offrent à nous pour y parvenir et,
une fois l'argent en notre possession, on peut,
soit le ramener au PNJ qui nous a donné
la quête ou bien décider de le
garder pour nous. On peut aussi se retrouver
avec plusieurs quêtes avec le même
objectif, comme par exemple récupérer
tel ou tel objet, mais données par plusieurs
PNJ appartenant à des factions opposées,
et choisir à qui on va rendre l'objet
tant convoité. On pourra constamment
jouer sur plusieurs tableaux à la fois,
au mieux de nos intérêts et de
notre moralité. Libre à nous de
trahir, de voler, de dénoncer ou au contraire
de mentir pour protéger certains de nos
interlocuteurs. Sachant que chacun de nos choix
aura, bien évidemment, une conséquence.
Si certaines quêtes
sont relativement classiques, comme trouver
tant de morceaux de viandes ou tant de peaux
de bêtes ou encore trouver tel ou tel
type d'herbes, d'autres sont assez bien pensées
et originales. Ainsi, on devra aider un marchand
de poissons à trouver un nouvel acheteur
pour sa boutique, aider un homme à obtenir
une chambre pour sa femme malade, trouver le
coupable d'un meurtre en interrogeant plusieurs
personnes, aider plusieurs personnes à
fuir Port Faranga discrètement ou encore
aider une prostituée embarrassée
par un client violent
La cuisine tient
un rôle important puisqu'elle permet de
nous nourrir et, ainsi, de récupérer
des forces. En tuant diverses créatures,
on peut récupérer de la viande
que l'on peut manger, soit crue, soit cuite,
sachant qu'elle nous redonnera plus d'énergie
vitale cuite que crue. Pour la faire cuire,
il faut deux ingrédients : une poêle
et un feu, tout simplement. On trouve des recettes
plus complexes nous permettant de concocter
des petits plats qui nécessiteront des
ingrédients spécifiques et une
marmite ou une poêle qui nous redonneront
alors davantage d'énergie vitale.
Les combats ne
se déroulent pas au tour par tour mais
en temps réel et sont particulièrement
durs à gérer. On peut frapper,
parer, contrer ou esquiver l'adversaire. Si
cela s'avère simple sur le papier, ça
l'est beaucoup moins dans la réalité
et les combats nécessitent réellement
un temps d'adaptation. Il faut observer ce que
fait l'adversaire et essayer de trouver la faille
car, dans la plupart des cas, frapper comme
un sourd nous mène directement à
la défaite puisque la majorité
de nos opposants agissent de manière
différente. A noter qu'au fur et à
mesure de notre progression dans l'art du combat,
on apprendra de nouvelles techniques. On peut
ainsi choisir de se concentrer sur le combat
au corps à corps, avec épées
et bâtons, sur le combat à distance,
avec arcs et arbalètes ou bien sur le
combat à la magie. L'utilisation de celle-ci
s'avère fort utile lors de combats contre
des adversaires en nombre car elle permet de
garder une certaine distance avec eux, mais
pose également quelques problèmes
de gameplay car il n'est pas évident
de maintenir les adversaires "lockés"
tout en se déplacant. L'utilisation de
parchemins magiques est également fort
utile en combat, notamment pour se soigner dans
les cas les plus désespérés.
En pressant la gâchette gauche, on a accès
à des raccourcis grâce auxquels
on peut assigner divers objets, comme des potions
de soin ou de mana, aux quatre côtés
de la croix directionnelle ou aux boutons A,
B, X, Y.
On gagne de l'expérience
au fur et à mesure que l'on combat et
que l'on réussit des quêtes. Cette
expérience accumulée nous faisant
monter en niveaux. Chaque nouveau niveau nous
rapporte des points d'apprentissage. Ceux-ci,
cumulés à des pièces d'or,
nous permettent en allant voir divers maîtres,
d'évoluer dans différents domaines.
Chacun a sa spécialité. Ainsi,
certains nous feront progresser en dextérité,
en force ou en art du combat (à l'épée
ou au bâton), tandis que d'autres nous
enseigneront l'art du vol à la tire,
de la discrétion, de l'acrobatie, l'alchimie,
l'artisanat, la chasse ou la calligraphie. Le
crochetage, que l'on peut également apprendre
via un maître nous permet, au moyen d'un
mini jeu dans lequel on doit trouver les bonnes
directions avec les pads analogiques, et dans
le bon ordre pour faire céder une serrure,
s'avère indispensable pour ouvrir portes
et coffres inaccessibles autrement.
L'interface est rudimentaire. Elle comporte
notre inventaire, une carte des lieux, un journal
des quêtes divisé en plusieurs
parties : quêtes en cours et accomplies,
le tout classé par factions et une fiche
de personnage. Si celle-ci reprend bien nos
caractéristiques, elle est loin d'être
un modèle de lisibilité et on
a bien du mal à s'y repérer au
début. L'inventaire surprend aussi au
premier abord (même si on a la possibilité
de voir les objets par catégorie) par
son côté fourre-tout et brouillon
d'autant que lorsque l'on s'équipe d'un
objet genre armure ou épée, il
reste tout de même dans celui-ci entouré
d'un carré vert pour signifier qu'on
l'utilise actuellement. L'inventaire semble
également infini et on peut y emmagasiner
tout ce que l'on trouve sans se soucier nullement
de la place ou du poids des objets (contrairement
à d'autres RPG). A noter qu'une carte
des quêtes, seule aide notable, est également
disponible et qu'elle s'avère très
pratique (même si rudimentaire) pour savoir
où se rendre lorsque l'on est perdu.
L'île est
de taille correcte et propose un paysage varié.
Elle comprend des plages, des forêts,
des marais, la ville de Port Faranga, le Monastère,
des petits villages, des cavernes et des ruines.
On peut d'ailleurs récupérer des
pierres de téléportations, très
utiles pour se rendre instantanément
d'un endroit à l'autre. Le cycle jour/nuit
est bien présent (on peut d'ailleurs
choisir de dormir), de même que les conditions
météos aléatoires. D'ailleurs,
les personnages que l'on rencontre sont sensibles
à ce cycle et ont, pour la majorité,
une identité, un travail et une vie qui
leur sont propres. De même, ils ont des
occupations (communes à certains d'entre
eux) et un logis. Si on pénètre
chez eux en douce ou par effraction, ils rappliquent
immédiatement et nous somment de sortir.
Si on les vole et qu'ils nous attrapent, ils
nous attaquent instantanément, défendant
ainsi leurs biens. S'ensuit alors une explication
mano à mano qui, même si on la
remporte, nous laissera quand même des
séquelles puisque le ou les PNJ que nous
aurons corrigsé, refuseront de nous aider
de quelque façon que ce soit et ne nous
adresserons plus la parole que pour nous traiter
de voleur.
Les divers "
métiers " sont assez nombreux et
ont une réelle utilité. Par exemple,
l'artisanat, qui permet de fabriquer des épées,
la joaillerie, qui permet de créer des
bagues ou des amulettes magiques très
puissantes ou encore la prospection grâce
à laquelle on récupère
minerais et pierres précieuses, indispensables
aux deux métiers précédents.
Si certains métiers ou talents, comme
le crochetage, peuvent évoluer moyennant
argent et points de compétence, d'autres,
comme la prospection ou la discrétion,
n'ont qu'un seul rang et demeurent fixes une
fois acquis. Mais il faut bien garder à
lesprit que lon devra faire des
choix puisque on ne peut pas être au niveau
maximum dans tous les métiers.
Aspect de la version
Xbox 360 de Risen qui a fait couler beaucoup
d'encre à sa sortie, sa réalisation
technique, surtout quand on la comparait à
la version PC. Il est vrai que les bugs graphiques
étaient légions et que l'on était
bien loin d'avoir ce que l'on était en
droit d'attendre d'une Xbox 360. Les textures
étaient d'une laideur absolue, les personnages
très anguleux et souvent clonés.
Le décor apparaissait par saccade et
soudainement. Il arrivait que le jeu plante
sans que l'on sache trop pourquoi. Bref, d'un
point de vue graphique, Risen accumulait les
lacunes. Mais le plus gros point noir était,
sans conteste, la luminosité puisque
le jeu était incroyablement sombre et,
lorsque l'on jouait de nuit ou que l'on se retrouvait
dans des endroits sombres comme une grotte ou
bien encore des ruines, on ne voyait absolument
rien. Et, même si en s'équipant
d'une torche c'était mieux, cela restait
très loin d'être satisfaisant et
on avait encore toutes les peines du monde à
y voir quelque chose. Le plus beau et le plus
aberrant, c'est que les développeurs
n'avaient pas inclus la possibilité de
régler la luminosité via l'interface
de jeu. La seule solution qui s'offrait à
nous était alors d'augmenter celle-ci
directement sur notre écran ou télévision,
avec un résultat pas terrible. On se
voyait obligé, dès que l'obscurité
commençait à pointer le bout de
son nez, à chercher un lit pour dormir
jusqu'à l'aube ou jusqu'à midi
pour pouvoir jouer dans des conditions correctes.
Quant aux moments où on se retrouvait
en intérieur, on faisait une provision
de torches et on se débrouillait du mieux
que l'on pouvait. Un patch, disponible depuis
début novembre sur le Xbox Live corrige
enfin cette erreur et améliore sensiblement
les graphismes. Même si les bugs d'affichage
demeurent légion, le jeu a subi de notables
améliorations visuelles, notamment au
niveau de la végétation, des textures,
du visage du héros, des sources de lumière
extérieures (rayons du soleil et autres)
et intérieures (les cristaux lumineux
dans les grottes), qui permettent une meilleure
expérience de jeu. Les sauts, pourtant
à la limite du ridicule ont eux, été
laissés tels quels. Quant à ceux
qui ne disposent pas du Xbox Live
Inversement à
l'aspect graphique, l'aspect sonore est très
réussi. Le doublage est excellent, avec
même des dialogues parfois très
crus. Il faut entendre un des habitants de Port
Faranga qualifier une femme de "grognasse".
La musique, très mélancolique
lors des phases d'exploration et plus pêchue
pendant les combats, se marie parfaitement bien
à l'atmosphère ambiante. L'IA
générale est correcte. Les PNJ
semblent " vivants " et réagissent
en fonction de nos actions et de notre comportement
et les mobs que l'on rencontre adoptent un comportement
différent selon les cas. Ainsi, si certains
nous attaquent à vue, d'autres nous avertiront
de ne pas nous approcher davantage et, si on
obtempère et que l'on s'éloigne,
nous laissent tranquille. De même, il
arrive que lorsque l'on tue une bête,
on voit un loup qui était à proximité
se nourrir de son cadavre.
Les temps de chargement
sont quasi inexistants durant le jeu et cela
est particulièrement appréciable.
Les sauvegardes se font automatiquement mais
on a la possibilité de sauvegarder quand
bon nous semble. Mais la rareté des temps
de chargement a un prix. En effet, lorsqu'une
sauvegarde automatique se déclenche et
que l'on meurt à trois mètres
et 45 secondes de celle-ci, recharger cette
sauvegarde pour recommencer prend un temps infini.
Bien qu'on se rende compte assez rapidement
que l'île est beaucoup moins vaste qu'elle
n'y paraît au premier abord, la durée
de vie est d'une bonne trentaine d'heures. Tout
en gardant bien en tête que l'on peut
parfois jouer pendant plusieurs heures en ne
faisant rien d'autre que de se promener, d'explorer
l'île, de tuer du mob ou de prospecter
comme bon nous semble.
Risen est la preuve
qu'il n'est pas nécessaire d'avoir des
graphismes "de la mort qui tuent"
pour être un bon jeu. Malgré une
réalisation technique pas extraordinaire
(au ras des pâquerettes sans le fameux
patch), Risen s'avère être une
sacrée réussite. Il très
attractif et envoûtant, et on a énormément
de mal à en décrocher une fois
que l'on y a goûté. Bien que d'aspect
rudimentaire au premier abord, il est très
riche et constitue un choix de premier ordre
pour les amateurs de RPG.
Xav - 24.11.2009