En 2010, Ding Chavez, connu pour ses
actes héroïques au sein de la Rainbow, a quitté le terrain
et occupe maintenant le poste de superviseur des opérations. C'est Logan
Keller, ancien membre des troupes Delta, qui est désormais à la
tête de cette unité d'élite. En compagnie de ses frères
d'armes Kan Akahashi et Gabriel Nowak, il se rend à San Joshua del Mosquiera.
Cette ville mexicaine, idéalement située près de la frontière
américaine, était autrefois un centre industriel et une zone portuaire
prospère mais depuis peu, elle est la proie des gangs et des contrebandiers.
C'est ici que Irina Morales, une terroriste mondialement recherchée, et
ses acolytes se sont retranchés afin de préparer une opération
destructive contre les Etats-Unis. Les Rainbow ont pour mission de la capturer
vivante. L'opération tourne mal et tous les regards sont désormais
tournés vers Las Vegas, mis à feu et à sang par un groupe
armé et très déterminé.
Cette
première mission didactique, au Mexique, pose les bases d'une intrigue
riche en surprises et en rebondissements. Alors que les précédents
épisodes de la série ne proposaient que des missions indépendantes
sans grand rapport entre elles, Vegas s'offre un véritable scénario
qui, sans marquer réellement les esprits, a au moins le mérite d'exister.
Pour renforcer l'immersion, les briefings, autrefois austères et rigides,
se déroulent à bord de l'hélicoptère qui nous transporte
sur les zones à nettoyer. Ces phases de transition proposent, en plus de
pouvoir admirer le paysage, de revoir complètement son équipement.
Un arsenal important de mitraillettes, grenades et autres fusils de sniper est
à disposition, le tout modifiable grâce à de nombreux accessoires
(silencieux, lunette, viseur laser etc.). Logan peut transporter simultanément
deux armes principales, le fidèle pistolet et deux types de grenades. Il
faut aussi préciser que l'on peut récupérer les armes ennemies.
A l'instar de Ghost Recon Advanced
Warfighter et son cross-com, des informations sont également
données en temps réel par l'intermédiaire de Johanna qui
nous guidera tout au long de l'aventure.
Evidemment,
Vegas ne serait pas un Rainbow Six sans son aspect tactique et son système
d'ordres. Sur ce point, Ubisoft a revu, corrigé et simplifié la
prise en main pour la rendre accessible à tous. Il suffit donc de pointer
le curseur de visée sur une zone et d'appuyer sur le bouton A pour y envoyer
nos deux équipiers. Ce système est sensible au contexte puisque
si l'on désigne une porte, ils vont instinctivement se positionner pour
préparer un assaut. Une fois en place, plusieurs ordres au choix peuvent
être ordonnés grâce la croix directionnelle (ouverture et grenade
frag, ouverture et nettoyer la zone etc.). Pour éviter de prendre une mauvaise
décision et de se précipiter aveuglement dans une pièce,
il est nécessaire de juger les forces adverses en regardant sous la porte
grâce la caméra serpent empruntée à Splinter
Cell. De plus, on peut désigner des cibles prioritaires afin,
par exemple, d'éliminer en premier les terroristes qui sont proches des
civils. Un gadget qui devient rapidement indispensable pour planifier au mieux
ses attaques. D'autres approches sont disponibles en utilisant la verticalité
des lieux. Des points d'ancrage sont parsemés un peu partout dans les niveaux
et offrent la possibilité de descendre en rappel le long des parois pour
surprendre l'ennemi. Une fois sur la corde, on peut ordonner à nos hommes
d'entrer dans la pièce en défonçant les vitres ou se mettre
la tête en bas, en appuyant sur le stick analogique gauche, pour faire feu.
Les classiques règles d'engagement, furtif et assaut ainsi que garder la
position et se regrouper sont évidemment toujours présents. La plus
grande nouveauté en terme de gameplay réside dans le fait que l'on
peut, à l'image de Gears
of War, se mettre à couvert derrière tous les éléments
du décor en maintenant appuyé la gâchette gauche. La caméra
passe alors à une vue à la troisième personne. Depuis cette
position, on peut tirer à l'aveugle avec une précision toutefois
bien relative ou se redresser afin d'ajuster un ennemi avec le risque de recevoir
une rafale bien placée. Comme la barre de vie a disparu au profit d'une
vision qui devient de plus en plus floue à mesure que l'on se fait toucher,
il devient même primordial de pouvoir se mettre à l'abri quelques
instants afin de retrouver ses esprits.
Pour
que les assauts soient une réussite, il faut aussi que l'intelligence artificielle
de nos coéquipiers soit à la hauteur. Pas de soucis à ce
niveau là. Ils se mettent instinctivement à couvert, se couvrent
l'un et l'autre et, sans être des machines à tuer, visent plutôt
bien. On se surprend même à les remercier quand ils nous sauvent
la vie. Ils semblent également mieux encaisser les coups que nous et peuvent
être réanimés indéfiniment si on leur injecte à
temps un produit miracle. Les ennemis bénéficient également
d'une IA correcte et évolutive au fil de l'aventure. Ils se mettent parfaitement
à couvert, mis à part quelques cas suicidaire, et n'hésitent
pas à changer de position pour nous prendre à revers. Dans l'ensemble
c'est très bon mais on observe tout de même quelques incohérences.
L'absence de réaction de certains alors que l'on vient d'abattre leur frère
d'arme situé à moins de deux mètres est la plus flagrante.
Les missions s'enchaînent à un rythme d'enfer
et l'action y est soutenue, le tout en alternance avec des phases plus calmes
de planification où les bonnes décisions doivent être prises
afin d'éviter la mort d'un otage ou l'explosion d'une bombe. Pour ce faire,
Rainbow Six Vegas, bien moins linéaire que ses ancêtres, propose
une multitude de voies secondaires qui permettent d'aborder les situations délicates
dans les meilleures conditions. L'univers de Las Vegas, ses casinos, ses hôtels
et ses sous-sols s'y prête d'ailleurs très bien.
Graphiquement,
c'est beau, lumineux et très
flashy. Les nombreux néons de
la ville aux mille casinos et surtout le moteur graphique Unreal Engine 3 ne sont
pas innocents. Sans pour autant atteindre le niveau de Gears
of War, qui a décidément placé la barre très
haut, on ne peut qu'admirer les magnifiques effets de lumière et de fumée,
les éclaboussures de sang sur les murs et les environnements très
détaillés réagissant parfaitement aux balles. L'immersion
est même totale lorsque, pris sous le feu ennemi, les machines à
sous s'éventrent et les vitres comme tous les autres objets en verre volent
en éclat. Quant aux personnages, ils bénéficient également
d'une réalisation soignée et se meuvent avec réalisme grâce
à la motion-capture. L'aspect audio n'est pas reste,
avec des bruitages forts réussis et des musiques, certes quelques fois
un peu fades, qui augmentent d'intensité pendant les combats. Avec un système
5.1, on s'y croirait même tant les balles fusent de tous les côtés.
Malgré une certaine redondance dans les dialogues, l'ensemble colle plutôt
bien et le fait que les guérilleros mexicains s'expriment en espagnol est
sympathique.
Evidemment, Rainbow Six
Vegas n'est pas exempt de défauts et sans être rédhibitoire,
certains entachent quelques peu ce magnifique tableau. Le plus important est sans
aucun doute le système de sauvegarde par checkpoint choisi par Ubisoft.
En effet, ceux-ci sont souvent très espacés l'un de l'autre ce qui
oblige à refaire une bonne partie du niveau avant d'arriver au passage
qui nous a posé problème. Que cela soit en mode normal ou réaliste
(on meurt plus rapidement), Vegas est relativement difficile et recommencer encore
et encore le même segment devient vite rageant. Autre point négatif,
la répétitivité de l'action, puisque malgré des scripts
de mise en scène et des renversements de situation, on passera la majorité
du temps à faire les même choses et les même choix tactiques.
Pour finir avec les points noirs, il faut préciser que la partie solo se
boucle en 10 heures tout au plus, ce qui est relativement court mais dans la moyenne
des derniers FPS.
Ces quelques désagréments
sont assez vite gommés par le multijoueur qui justifie à lui seul
l'achat de ce titre. Un système de création d'avatar permet de personnaliser
de la tête aux pieds son personnage avec un équipement conséquent
(casque, armes, gilet pare-balles etc.) disponible en fonction de notre grade.
Si avec tout cela on n'est pas satisfait du résultat, on peut modéliser
son propre visage grâce à la Live
Vision (webcam de la 360) sur le corps de notre avatar virtuel. Le
rendu est par ailleurs assez bluffant. Après ce petit moment créatif,
on est prêt à se lancer dans la multitude de modes proposés.
Au programme : chasse aux terroristes et campagne jouable en coopération
à deux en écran partagé et jusqu'à quatre via le Xbox
Live. Un bon moyen donc de prolonger la faible durée de vie du solo même
si, malheureusement, tous les éléments de l'histoire (briefing,
info en temps réel) sont absents. Outre ce mode coop, Vegas propose des
affrontements en multijoueur jusqu'à 16 sur dix cartes différentes.
Toutes sont relativement grandes et offrent plusieurs approches possibles grâce
à un level-design particulièrement réussi. Mis à part
les classiques deathmatch, team deathmatch et survie, on salue l'arrivée
du petit dernier "attaque et défense". Similaire à un
capture de drapeau mais avec des objectifs différents (récupérer
une mallette, sauver un otage ou désamorcer une bombe), ce mode privilégie
l'esprit d'équipe et rencontre déjà un vif succès
sur le Live. Le multi reprend également toutes les caractéristiques
du mode solo comme le rappel, le système de couverture et la caméra
serpent ce qui change sensiblement la manière de jouer. Enfin, petit détail
qui a tout de même son importance pour les personnes allergiques à
la langue de Shakespeare, la possibilité de choisir la langue afin de jouer
entre francophones par exemple. Sympa.
Au
final, les puristes et les fans de la première heure qui appréciaient
le gameplay réaliste à souhait de la série vont certainement
être déçus par ce Rainbow Six Vegas plus accessible où
l'action pure et dure prime sur la tactique. Néanmoins, cela n'enlève
rien aux qualités indéniables de ce titre. Il séduit par
sa réalisation soignée, ses graphismes hauts en couleur et une prise
en main rapide, solide et intuitive. Malgré une durée de vie assez
faible en solo, Vegas prend une tout autre dimension grâce sa partie multijoueur
plus que complète et ô combien addictive. La famille Tom Clancy,
désormais au complet, a réussi avec brio son entrée dans
la next-gen. Il ne reste plus qu'à espérer qu'Ubisoft continue sur
sa lancée.
Strongbow -
7.12.2006