Depuis quelques années, Electronic Arts
nous donne l'impression de tourner autour du
pot (d'échappement!) avec sa licence
Need For Speed. Chaque opus est l'occasion de
découvrir la crise d'identité
que traverse actuellement la série. Entre
NFS
Most Wanted, NFS
Carbon, ou encore NFS
ProStreet, tous les trois sortis
successivement sur Xbox 360, les développeurs
ont du mal à retrouver le succès
auprès des mordus de NFS. Pourtant n'est-ce
pas dans les vieux pots (d'échappement)
qu'on fait les meilleures soupes? Les gars d'EA
Black Box l'ont bien compris, et reviennent
aux bases de NFS, à savoir des courses-poursuites
avec les forces de l'ordre agrémentées
d'une petite touche de tuning. Alors c'est parti
pour faire vrombir de vrais pots d'échappement
(enfin!).
Ce millésime
2008 s'intitule Need For Speed Undercover, qu'on
peut traduire littéralement par secret,
ou clandestin. En effet, le joueur incarne ici
un agent du FBI, dont la mission consiste à
s'infiltrer dans un réseau criminel de
contrebande automobile. Le scénario,
pour le moins classique, sert plus à
broder une histoire autour du jeu qu'autre chose.
Malgré une cinématique d'introduction
aux allures de film hollywoodien plutôt
bien fichue et interactive, car il faut prendre
les commandes pour semer la police, la trame
perd vite de son intérêt. C'est
sûr, il ne faut pas être expert
en critique de cinéma pour s'apercevoir
que tous les ingrédients sont réunis
lors des cut-scenes pour ainsi les désigner
de série Z : mauvaise interprétation
des comédiens, mal filmé, et clichés
à gogo du genre « tu l'as vue ma
mini-jupe »! Bon d'accord on ne s'attend
pas à visualiser le dernier film de Quentin
Tarantino, mais quitte à faire appel
à Maggie Q, autant offrir aux joueurs
des séquences vidéo de bonne facture
et dignes de l'actrice américaine. Ce
nouvel épisode marque donc un retour
aux sources, une méthode courante pour
tenter de regagner la confiance de son public
lorsqu'on l'a perdue. L'an passé, NFS
ProStreet a fait les frais d'un changement un
peu trop radical au goût des joueurs.
C'est vrai qu'en y repensant, orienter un jeu
100% arcade vers la simulation était
plutôt osé. « Il faut rendre
à César ce qui appartient à
César », il y a Forza Motorsport
pour les simulations pures et dures. Bref, dans
le jargon vidéoludique Need For Speed
rime avec course-poursuite en ville ouverte,
et non pas avec sport automobile sur circuit
fermé. On peut dire que sur ce point,
NFS Undercover respecte le cahier des charges
imposé par les joueurs. Vous êtes
lâché dans la ville virtuelle de
Tri-City afin de remplir votre mission d'agent
secret. La ville est assez étendue, et
propose différents quartiers tels que
Palm Harbor, le cur de la ville, Port
Crescent, son port industriel, ainsi que Gold
Coast Mountain et Sunset Hills, les zones montagneuses
de Tri-City. Rien de bien original dans l'ensemble.
Pour se rendre d'une région à
une autre il faut emprunter de longues autoroutes,
ce qui permet de s'élancer facilement
pour pouvoir atteindre des vitesses astronomiques
à bord de ses bolides préférés.
On atteint les 400km/h et plus au volant de
la Porsche GT2 ou de la Bugatti Veyron par exemple.
Pour revenir à Tri-City, on est amené
à se demander si la ville n'a pas subi
une catastrophe naturelle, ou a été
victime plus que n'importe qui de la crise économique.
Loin de Liberty City, on croise souvent les
mêmes véhicules. De plus, pour
une ville où la criminalité est
soi-disant en hausse les voyous se font plutôt
discrets. Rouler à vive allure, et ce
sans embouteillages, nous amène donc
à faire le tour de la ville en peu de
temps, comptez une dizaine de minutes en roulant
bien. Aussi, pas besoin de retourner la ville
de fond en comble pour dénicher une course,
il suffit d'appuyer sur la touche bas de la
croix directionnelle à n'importe quel
moment. Dommage, car ceci dévalorise
le concept de ville ouverte. Mais après
avoir posé ses valises à Tri-City,
que fait-on de son temps libre?
La carrière
solo vous tiendra en haleine pendant quelques
heures à travers différentes épreuves.
Bien sûr, vous participez à des
courses traditionnelles : sprint, circuit avec
ou sans chrono, duel sur autoroute, etc. Cependant,
la vie d'agent secret n'est pas de tout repos,
vous devrez donc effectuer divers jobs et missions
spécifiques pour arriver à vos
fins : livrer une voiture volée le plus
rapidement possible, fuir les forces de l'ordre
ou même des criminels, traquer des bandits,
tout cela dans le but de se rapprocher des gangsters
de la ville. A force de remporter des courses,
et de remplir les objectifs demandés,
vous gagnez des points de performance s'appliquant
à vos bolides, ainsi que de l'argent
pour les customiser. Comme la plupart de ses
prédécesseurs, Undercover offre
la possibilité de tuner ses caisses.
Même si les accessoires et kits de tuning
sont moins nombreux qu'auparavant, on peut toujours
ajouter de nouveaux ailerons, changer de jantes
et refaire une peinture intégrale à
sa protégée par exemple. Ça
c'est pour la partie esthétique. En ce
qui concerne la partie mécanique, faites
donc un tour au garage pour toucher au moteur,
installer un kit NOS (jamais de série),
changer de freins, de suspensions ou encore
de pneus. Toujours d'actualité, l'Autosculp,
qui permet de retravailler selon sa propre imagination
l'aérodynamisme de la voiture. La liste
de modèles présentés dans
Undercover aurait pu être la liste choisie
pour le film « 60 secondes chrono »
tellement il y a du beau monde. On peut les
classer dans trois catégories classiques.
On citera par exemple les BMW M6, Audi R8, et
même la Renault Mégane III pour
les européennes. Le Japon est bien représenté
: Nissan 370-Z, Mazda RX-8, Mitsubishi Lancer
EVO 9. Enfin les robustes américaines
sont également de la partie : Dodge Viper
SRT10, Chevrolet Camaro Concept, et même
la licorne de Memphis : Eléanor, la Shelby
GT500. Ceci n'est qu'un échantillon d'une
cinquantaine de modèles, comme dans le
film d'ailleurs, car on pourra se mettre aussi
au volant de Porsche, Mercedes et autres Lamborghini.
Mais que serait Need For Speed sans ses bonnes
vieilles courses-poursuites avec les flics,
si chères à la série?
Assurément,
c'est bien le point fort de cet épisode.
Certes, les épreuves proposées
en mode carrière sont assez variées,
mais demeurent d'un certain ennui. La faute
à une difficulté quasi inexistante
et une faible population pour l'agglomération
de Tri-City. Heureusement que les courses-poursuites
viennent rehausser le niveau, que ce soit de
la difficulté et même du plaisir
de jeu. Lorsqu'on compare la difficulté
avec celle des autres épreuves, c'est
le jour et la nuit! Les flics ne vous lâcheront
pas d'une semelle. Il faut alors user des décors
urbains pour leur faire barrage, en faisant
tomber un pont par exemple, ou en se cachant
quelques instants dans une impasse le temps
de remplir la jauge de cachette. Les courses-poursuites
sont donc très jouissives, mais perdent
de leur intensité à cause de la
maniabilité. Un joystick d'Atari ST aurait
suffi amplement pour ce NFS. Un seul mot d'ordre
: accélérer. La pédale
de frein ne sert pratiquement jamais, on relâche
juste la pédale d'accélération
afin de prendre des virages à 90°.
De même, les poussées de protoxyde
d'azote, plus familièrement Nitro, ainsi
que le Supercontrôle restent limités.
Cette dernière technique, sorte de bullet-time,
permet de se faufiler à un endroit où
il serait difficile de passer à vitesse
réelle. Et que nous propose Tri-City
en multijoueur? Ce mode de jeu a au moins le
mérite de rallonger une durée
de vie un peu courte en mode solo. Mis à
part les courses de sprint et circuit habituelles,
un mode Cops and Robbers est disponible pour
la plus grande joie des aficionados de NFS.
Traduisez mode Gendarmes et Voleurs, où
les premiers doivent empêcher les seconds
de ramener un paquet de fric vers une planque.
Dans ce mode, deux équipes de quatre
joueurs se mettent à tour de rôle
dans la peau des flics et des gangsters. D'ailleurs,
si je puis me permettre, les développeurs
ont apparemment fini le jeu dans la peau des
« voleurs »!
En effet, force
est de constater que les mecs sont partis du
studio de développement EA Black Box
comme des voleurs. Évidemment je plaisante,
mais le manque de finition concernant la réalisation
technique du soft est criant! Tout le lexique
des bugs graphiques du jeu-vidéo, ou
presque, y passe : aliasing prononcé,
chute de framerate, clipping à certains
endroits. Attention, graphiquement l'ensemble
est loin d'être médiocre et affiche
même de belles modélisations, mais
pour une telle licence ce n'est pas sérieux.
D'un côté, cela explique peut-être
pourquoi la ville est si peu fréquentée,
car on imagine le nombre de ralentissements
avec un trafic plus dense. Cerise sur le gâteau
: le jeu freeze toutes les dix minutes! Au début,
on se demande si ce n'est pas la console qui
commence à déconner, mais après
quelques échos par-ci par-là c'est
apparemment récurrent pour ce titre.
Un conseil, installez le jeu dans le disque
dur de la Xbox 360 pour remédier au problème,
à condition d'en posséder un bien
sûr. Malgré tout, on peut toujours
compter sur une bande son de qualité
avec Electronic Arts. La tracklist est riche
et variée, techno, hip-hop, rock, il
y en a pour tous les goûts. Les bruitages
ne sont pas en reste, crissement de pneus et
vrombissement de moteurs hyper réalistes.
Les doublages de la police via la radio offrent
également un très bon rendu lors
des courses-poursuites, on se croirait vraiment
au cinéma.
Au bout du compte,
c'est un Need For Speed en demi-teinte que nous
livre là Electronic Arts. Les fans de
la série apprécieront sûrement
le contenu intéressant d'Undercover,
à savoir un rassemblement de jolis coupés
et berlines à tuner, et surtout un retour
à l'essentiel : des courses-poursuites
endiablées avec les flics de Tri-City.
Malheureusement, cet épisode subit fortement
les conséquences d'une réalisation
bâclée et souffre de sérieux
bugs graphiques. Un constat frustrant face à
des graphismes bien loin d'être désagréables.
En dépit de ses nombreux défauts,
Need For Speed Undercover mérite bien
la moyenne, rien que pour la joie du fun retrouvé
au cur des poursuites.
Nikkos - 18.11.2009