Test : Condemned 2 - Bloodshot
Xbox 360
 
 Editeur : Sega
Développeur : Monolith
Site officiel : condemned2.sega
Vidéos : site officiel
Date de sortie : 28.03.2008
Achat : Amazon.fr, CeDe.ch
  
 

Langue : Anglais sous-titré français
Joueur(s) hors ligne : 1
Xbox Live : oui
Joueurs en ligne : 2 à 8
Age recommandé : 18+

 

Difficile qu'est l'exercice périlleux de réaliser une suite. Il ne faut pas décevoir les fans du premier volet et il faut plaire aux nouveaux venus. Et dans le monde actuellement moderne et civilisé dans lequel on gravite, il faut surtout combler les attentes pécuniaires logarithmiques des producteurs en shorts et des actionnaires à la chaussette huileuse et la cravate serrée. C'est d'autant plus axiomatique que cela est vrai pour chaque média, chaque art; littérature, cinéma, sculpture de figurines de cristal, jeux vidéo, etc. La suite de Condemned : Criminal Origins arrive donc deux ans et demi après le premier opus sorti en même temps que la fragile dame blanche de Microsoft.

Le jeu débute un an après les événements du premier épisode. Fortement porté sur la bouteille, amaigri et délaissé avec ses démons, Ethan Thomas n'est plus que l'ombre blafarde de lui-même. Recherché par ses anciens employeurs, il est ainsi rappelé par le SCU alors qu'une nouvelle vague de violence frappe la ville. On ne va pas trop s'attarder sur le scénario pour ne pas en gâcher la surprise. Mais il faut néanmoins noter que malgré le fait qu'il apporte quelques réponses soulevées dans le premier jeu, il ne va pas totalement répondre à toutes ces interrogations et va quelque peu se perdre dans la facilité vers la fin de l'aventure (l'atmosphère s'alourdit en sombrant dans le surnaturel et dans les effets d'hallucinations mal intégrés). L'ambiance adulte est toujours au rendez-vous, mais ce qui faisait l'originalité du traitement narratif (joueur seul contre tous, chassé plus que chasseur dans une enquête qui le dépassait) et de la matière malsaine du premier épisode a malheureusement laissé place à une ambiance édulcorée, "adolescentisée" - violence plus gore, moins psychologique et moins subtile - voire auto-cencurée pour probablement toucher un public plus large (mais paradoxalement toujours déconseillé aux mineurs). C'est d'ailleurs la première et la plus grosse déception de Bloodshot, le jeu n'est plus aussi flippant. On sursaute de temps en temps, on stresse durant certaines séquences, mais on n’éprouve jamais vraiment ce sentiment de peur permanente que pouvait susciter son prédécesseur. La peur primaire et la brutalité reptilienne qui transpirait dans tous les aspects du premier jeu (narration, gameplay, ambiance, etc.) ont été profondément transformées pour coller au rythme moins posé, à l'action plus dynamique et au nouveau système de combat qui en découle.

La jouabilité un peu maladroite du premier a donc été repensée pour offrir plus de possibilités. Le nouveau système est plus souple et est basé sur les gâchettes gauche et droite, chacune correspondant à un poing. On peut désormais réaliser des combos en alternant les coups et glisser quelques uppercuts en appuyant sur le stick gauche. En pressant deux fois rapidement sur une gâchette, on déclenche une attaque spéciale et particulièrement violente (crack le bras) à base de QTE pour achever plus rapidement un ennemi. En assommant un adversaire (après quelques coups), il est également possible de s'en saisir pour l'achever à main nue (paf la nuque) ou en utilisant l'environnement. Si la jouabilité gagne un peu en possibilité et en conviction à mains nues ou à l'arme blanche, elle perd beaucoup de son charme par l’ajout trop fréquent d'armes à feu. Il n'est pas rare de se retrouver avec des fusils automatiques dans certains niveaux contre des ennemis également armés, ce qui plombe complètement le sentiment d'oppression. Le gameplay est d'ailleurs un peu brouillon (visée imprécise et couverture impossible) lors de l'utilisation d'une arme à feu (Ethan tremble terriblement avant sa rasade d'alcool) et l’on a l'impression d'être dans un clone mal fini de Rainbow Six. L'orientation action se fait d'ailleurs resentir avant même de lancer la partie en choisissant un niveau de difficulté lorsque l'on aperçoit l'ajout d'un "mode FPS" (munitions illimitées!) déblocable après avoir fini le jeu une première fois. Cet aspect FPS renforce l'impression d'un jeu qui a été pensé pour attirer un public plus large, simplifiant davantage le jeu déjà beaucoup plus facile que le premier opus (même en mode difficile).
L'aspect enquête trop linéaire de la série a également été retravaillée pour laisser un peu plus de liberté, mais au final, elle reste anecdotique car simplement inutile et n'influençant en rien le déroulement de la partie. On a désormais le choix des outils (appareil photo, lampe UV et spectromètre) à utiliser pour résoudre ces enquêtes, mais cela donne finalement lieu à une mécanique simple et dirigiste de questions à choix multiples. L'impact sur la progression étant inexistante, on sera juste noté à la fin du niveau sur nos performances, débloquant ainsi du matériel (tazer plus puissant, holster qui permet de porter une seconde arme, etc.) accentuant davantage l'aspect bourrin du titre...

Concernant la partie technique, heureux qui comme Ulysse de constater que trois ans après le premier, les gars de Monolith ont su améliorer le moteur pour que Bloodshot n'ait pas trop à rougir face aux jeux sortis dernièrement. Le level design a été mieux pensé et l'architecture des lieux visités a fait un grand pas en avant en devenant plus crédible et plus réaliste. Mais les niveaux restent cependant toujours aussi linéaires. Et l’on n'échappera malheureusement pas au syndrome des pièces qui se répètent dans certains bâtiments, mais dans l'ensemble le jeu est plus varié que le premier en évitant de se dérouler principalement dans des bureaux. Il y a des parties en extérieur, mais le moteur montre vite ses limites car elles sont assez laides et enveloppées dans un brouillard omniprésent. Le jeu reste plus convaincant dans des environnements urbains et dans des endroits plus cloisonnés à l'éclairage mieux maîtrisé. Dans l'ensemble le jeu est graphiquement réussi (même si certaines textures sont honteusement floues) mais est très sombre. Parfois même trop, lorsque les développeurs décident de rajouter des filtres ridicules et complètement kitsch. Ils n'apportent d'ailleurs aucun élément positif d'un point de vue anxiogène, mais agace le joueur parce qu'il ne voit plus rien et parce qu'il est dès lors obligé d'augmenter la luminosité pour ne pas se cogner contre les murs.
Pas grand-chose en revanche à reprocher à l'ambiance sonore. C'est d'ailleurs la partie la plus réussie et elle est la raison qui fait que l'ambiance particulière de cette ville en proie à la folie générale devient palpable. Musique, bruitages et cris des adversaires sont parfaitement maîtrisés. Avec un bon casque ou une bonne installation home cinéma et plongé dans l'obscurité, l'ambiance reprend le dessus et fonctionne malgré les défauts cités plus haut.

Le jeu est assez court en plus d'être linéaire donc on le termine une première fois aux alentours de la petite dizaine d'heures. Le "mode FPS" rallonge un peu cette courte durée de vie pour les plus perfectionnistes. En sus de la campagne solo, un mode intègre différentes arènes dans lesquelles il faut se débarrasser des ennemis en un temps donné. Assez anecdotique.
Le mode multijoueur à 8 sur le Live ne vaut même pas la peine d'être mentionné, proche d'un intérêt nul. Les cartes sont minuscules et l’on y passe son temps à s'ennuyer tellement le gameplay n'a pas été pensé pour des joutes entre joueurs humains. Poubelle. Autant déclamer l'intégral des albums de Martine, à poil sur son balcon.

En conclusion, Condemned 2: Bloodshot est décevant. Il l'est d'ailleurs en tant que suite, mais ce n'est pas un mauvais jeu. Il s'adresse paradoxalement plus aux nouveaux venus qu'aux joueurs ayant appréciés le premier. Même si l'on retrouve avec plaisir l'agent Ethan Thomas pour en apprendre plus sur le personnage, on est déçu par son côté bourru et ses manières intrusives à vouloir dorénavant trop se rapprocher de ses concurrents. Il n'a pas le talent de tireur d'élite des soldats de COD4 ou de Vegas 2. Pourquoi avoir voulu essayer de jouer dans la cour déjà bien encombrée des FPS ? Pourquoi avoir volontairement dénaturé une ambiance sombre et oppressante avec une jouabilité antinomique ? Pourquoi ne pas avoir plutôt continué dans l'affirmation de l'utilisation d'armes de fortune récupérées dans les environnements et les combats à mains nues qui faisait l'originalité et la brutalité Condemned : Criminal Origins ? Pourquoi dois-je envoyer ma cinquième console au SAV alors que GTA IV arrive bientôt ? Un début de réponse est caché dans l'introduction.


LorHan - 21.04.2008


 
LES PLUS
LES MOINS
 
 

ambiance sonore
finish moves amusants
techniquement réussi

_________________________

ambiance dénaturée
court
multi nul
trop bourrin
_________________________

 
 
Technique :
 
Graphismes :
Son :
Jouabilité :
Durée de vie :
 
Note : 6/10