Immersif. C'est par
ce mot que nous avions débuté le
test de Call
of Duty 2. Call
of Duty 3 (CoD 3) l'est bien plus.
Le jeu reprend à 95% le gameplay du deuxième
volet, les habitués seront donc plongés
dans la guerre en deux temps trois mouvements.
Une gâchette pour tirer, une autre pour
viser précisément, les gâchettes
hautes pour les grenades fumigènes et à
fragmentation (le stock transportable a augmenté,
un bon point), une touche pour alterner entre
les deux armes (Y), une autre pour recharger et
ramasser des armes (X), une pour s'accroupir ou
se coucher (B), on est en terrain connu. Petite
nouveauté, la possibilité de passer
de la reptation à la station debout en
appuyant sur la touche de saut (A), bien pratique.
Dommage que le coup de crosse reste sur le stick
droit, pas idéal dans le feu de l'action
et que la possibilité de se pencher pour
tirer depuis un angle n'existe que pour les ennemis.
Quelques mini actions
viennent briser le rythme traditionnel du FPS, on pense à la possibilité
de relancer des grenades dégoupillées ou encore quelques affrontements
au corps-à-corps contre nos vis-à-vis allemands (on lutte en agrippant
le fusil de l'autre puis on l'achève d'un coup décisif, sympa) ainsi
que des séquences où il faut appuyer sur l'une des touches ou manuvrer
avec un joystick : placer une bombe, ramer (sic !), utiliser un mortier, etc.
Globalement, on garde les habitudes acquises par le passé : tirer, avancer,
se mettre à couvert, tirer, avancer
Connu mais efficace. En plus
de la mission en tank, quelques brèves séquences de pilotage de
jeep viennent rompre le rythme pédestre de la progression. Simples et pas
franchement excitantes, elles sont surtout là pour varier un peu le rythme.    
Call
of Duty 3, c'est une sorte de Call of Duty 2 dopé à l'adrénaline.
Les temps morts n'existent pas, de la première à la dernière
minute du jeu. Le seul repos que le joueur pourrait avoir, c'est celui que l'on
dit éternel, dû généralement à une balle allemande
bien placée. Explosions, tirs continus, grenades envoyées par les
soldats des deux camps - les ennemis les utilisent davantage et mieux qu'auparavant,
fumée engendrée par tout cela, cris des alliés et des troupes
de l'Axe, l'environnement sonore et visuel est prenant. Une fois sur le champ
de bataille virtuel, le monde extérieur n'existe plus. Impression renforcée
par des graphismes nettement améliorés par rapport à Call
of Duty 2, qui n'était pas vraiment le plus "next gen" des jeux
du line-up. L'effort le plus important a sans doute été réalisé
sur la modélisation et l'animation des personnages. Les visages de nos
camarades sont expressifs et détaillés, la texture des uniformes,
bottes ou casques des guerriers fait plaisir à voir et relègue loin
derrière les soldats peu crédibles de CoD 2. L'animation de tout
ce petit monde (parfois des dizaines de personnages à l'écran) est
elle aussi mise à niveau des exigences actuelles. Les soldats tombent avec
souplesse, escaladent les murs de manière crédible, se planquent
et mitraillent sans rigidité. Sachant que la série repose sur une
forte présence humaine autour de nous (pas question de longs couloirs à
traverser seul dans ce FPS), il était normal de soigner cet aspect visuel.
Autre changement assez radical, la taille et l'ouverture des niveaux traversés
par les sections des divers héros répondant à l'appel du
devoir. On ne dira pas que l'on peut aller où on veut, ce serait totalement
faux, le chemin est plutôt bien balisé. Cependant, on se sent moins
dans des couloirs et la profondeur de champ est améliorée. Les explosions
gagnent aussi en réalisme, les fumées et surtout les effets de flou
dus à des chocs, à une grenade ou à une balle encaissée
immergent encore plus, tout en compliquant la tâche. Malgré
toutes ces améliorations, on regrettera, comme pour Call of Duty 2, que
les textures des environnements soient souvent simples, plutôt ternes. On
aurait adoré voir la pluie ruisseler sur les murets de la campagne française,
ce sera pour une autre fois. On s'enthousiasme par contre pour la possibilité
de détruire partiellement ou complètement bien des éléments
du décor, ce qui apporte un petit stress supplémentaire, les couvertures
n'étant que rarement indestructibles. Call of Duty 3 mêle donc des
éléments graphiques de pointe et d'autres un peu en retard sur les
nouveaux standards. Cela peut laisser une drôle d'impression de contraste,
les éléments mobiles ressortant un peu de l'image, sans s'y fondre
comme ils le devraient. Autre élément rageant, les balles ennemies
ont parfois tendance à traverser des choses qu'elles ne devraient pas traverser
(un mur, un tank
) et venir se ficher pour toujours dans notre joli crâne
de soldat. Mais on le redit, l'action est tellement incessante qu'on ne fait pas
vraiment attention à tout cela, l'ensemble est techniquement suffisamment
bon pour remplir l'objectif, le leitmotiv devrait-on dire : immerger le joueur.
Tout comme le son, un vrai régal en 5.1. Balles qui sifflent, hurlements,
explosions, musique dans le ton, vannes des soldats alliés, rien à
redire sur ce point.  
Alors,
quoi de neuf dans le fond ? Il faut bien le constater, la Seconde Guerre Mondiale
reste la Seconde Guerre Mondiale. "En marche vers Paris" nous propose
une aventure qui n'a rien de fondamentalement inédit. On traverse la France
avec nos héros polonais, étasunien, canadien et britannique en prenant
le temps de cribler de balles et d'éclats de grenades une belle brochette
de "boches" (à la fin de sa vie, un gamer lambda pourrait bien
avoir descendu plus d'allemands que ne l'a fait la vraie guerre
). Les décors
sont souvent un peu déjà vus, que ce soit dans les autres épisodes
de la série, dans Brothers in Arms ou d'autres titres du genre. Call of
Duty 2 nous faisait voyager. Dans le froid de Stalingrad, en Afrique du Nord,
on voyait des décors aux teintes radicalement différentes. Ce n'est
plus le cas ici, même si les concepteurs ont su varier les missions et leurs
aspects. CoD 3 sort de l'ornière que pourrait être la lassitude
face à l'extermination de trouffions teutons avec un talent indéniable.
Simple, le gameplay permet rapidement de se prendre pour un héros. On alterne
tirs et grenades, on regarde nos alliés nous côtoyer dans l'adversité,
on rage contre l'efficacité ennemie accrue. Bref, on s'y croit. On vit
même l'action lors de certaines séquences anthologiques (les charges
en particulier) qui feront vibrer n'importe quel joueur, trop heureux de se retrouver
au milieu d'une action prenante et riche comme peu de jeux en proposent. Pour
enrichir le jeu, on aurait peut-être apprécié de pouvoir donner
quelques ordres (même sommaires) à nos acolytes, on aurait adoré
qu'une IA digne d'un Halo rende moins nécessaire toutes les scènes
scriptées (de qualité néanmoins) qui saupoudrent la progression,
on aurait voulu que la marche vers la capitale française laisse un peu
plus de liberté, que l'action se résume moins à une marée
d'alliés déferlant sur des murailles d'allemands par vague successive.
Dommage aussi que certains passages imposent des ennemis revenant à l'infini
si on n'avance pas. Ce genre de choses est d'un autre âge et sert à
compenser les faiblesses d'une IA simpliste. Bref, il y a toujours moyen de faire
mieux ou différent. Une chose est sûre, c'est que l'option choisie
par Treyarch, à savoir nous faire vivre cette guerre un peu comme un bon
film de guerre interactif, est maîtrisée de fort belle manière.
La "rejouabilité" en est par contre amoindrie. Les actions scriptées,
très nombreuses, ne surprennent que la première fois, après,
elles risquent plus de lasser. Plutôt
"light", le multi de CoD 2 donnait un goût d'inachevé à
sa sortie. C'est bien moins le cas avec le 3. D'abord parce que l'on a le choix
entre sept classes différentes de guerriers : fusilier, infanterie légère,
infanterie lourde, infirmier, éclaireur, soutien et antichar. On ne vous
fera pas l'affront de vous expliquer les avantages de chacune, ils sont évidents.
Certaines ont des capacités propres : tirs d'artillerie pour les éclaireurs,
donner des munitions aux alliés pour les soutiens et antichars, "ressusciter"
un compagnon pour le médoc, etc. Ensuite parce que le jeu permet des affrontements
à 24, soit quatre fois plus qu'il y a un an dans Call of Duty 2. Les modes
de jeux, un peu à l'image du solo, ne réinventent pas la poudre.
Capture du drapeau, matchs à mort
du classique. Seul le mode "guerre"
sort du lot, proposant des affrontements avec de multiples drapeaux, mais cela
reste dans le domaine du déjà vu, une sorte d'affrontement pour
des points de contrôle plus ou moins éloignés de notre base.
La possibilité de sprinter et de conduire ou prendre place sur des véhicules
enrichit l'expérience et dynamise les parties avec drapeaux. Simple et
rapidement pris en main, le multi-joueurs de CoD 3 plaira aux fans du genre. La
dizaine de cartes offre de vastes champs de bataille qui possèdent de nombreuses
ramifications. Il vaut mieux être suffisamment nombreux, sinon on peut passer
un bon moment sans croiser personne. Les parties sont très (trop ?) nerveuses
et rappellent avec plaisir les affrontements de Return to Castle Wolfenstein.
Les équipes bien organisées triompheront plus aisément, on
apprécie donc de jouer avec des gens parlant la même langue (il n'y
a pas de choix de la langue). Le lag n'est pas présent ou alors très
peu mais les problèmes peuvent venir d'ailleurs : déconnexions,
impossibilité de rentrer dans des parties classées, etc. On espère
que tout cela sera amélioré par une mise à jour.  
Call of Duty 3 est un tout bon jeu.
Reprenant et améliorant les qualités du 2, ce titre propose une
action de tous les instants, un gameplay simple donc efficace et des graphismes
agréables. Comme dans le volet précédent, certaines séquences
marqueront les mémoires : prise d'assaut d'une colline surplombée
de mitrailleuses, mission dans la ville de Mayenne, traversée de cités
sous le feu de bombardiers
. Quelques défauts, souvent, eux aussi,
les mêmes que dans Call of Duty 2 (textures ternes, scènes scriptées
et IA modeste), entachent légèrement le rapport final de cette avancée
vers la ville-lumière mais on ne fait pas la fine bouche devant un jeu
aussi intense de A à Z, qui n'invente rien mais tire la quintessence de
ce que le genre "FPS pur et dur" peut offrir : du défoulement,
de l'action et de l'immersion, le tout sur une durée de vie fort correcte,
puisque l'on mettra une petite quinzaine d'heures pour rallier Paris. Un multi
de qualité, qui repose lui aussi sur des bases classiques mais efficaces,
comblera les moins solitaires. CoD 3 n'est pas le méga hit qu'il aurait
pu être en innovant plus et profitant de quelques mois de développement
supplémentaires mais il vient enrichir les rangs de la section de très
bons jeux qui prennent d'assaut la fin de l'année. Sam
Fisher - 22.11.2006 |