Alors que certains joueurs attendent impatiemment
la sortie de GTA IV, Rockstar ressort de sa besace un des meilleurs jeux PS2 sorti
en 2006 pour le porter sur Xbox 360. Plus connu dans nos contrés à
l'époque sous le nom de Canis Canem Edit, Bully débarque donc sur
la console de Microsoft dans une édition Scholarship agrémentée
de huit nouvelles missions inédites. Reste à savoir si le passage
en classe supérieure s'est passé sans accro.
Bully
nous place dans la peau de Jimmy Hopkins, un gamin turbulent de 15 ans renvoyé
de plusieurs établissements scolaires. Sa mère, qui convole en voyage
de noce avec son cinquième mari, l'envoie dans la Bullsworth Academy, un
pensionnat dans la pure tradition anglo-saxonne. Dès notre arrivée,
le directeur nous accueille afin de faire son speech de bienvenue et par la même
occasion rappeler que son école est régie par des règles
strictes de discipline et qu'aucun débordement ne sera toléré.
Un brin idéaliste et naïf, le Monsieur prétends même
former l'élite de demain. La réalité est tout autre avec
des pions souvent dépassés par les événements et un
corps enseignant peu crédible. On peut par exemple citer le prof d'anglais
alcoolique, celle de musique tout droit sortie des années 60 ou encore
celui de sport pervers qui collectionne les petites culottes des filles. C'est
donc dans cette ambiance anarchique qu'évoluent les élèvent,
regroupés dans cinq clans bien distincts. Tous les stéréotypes
de l'univers universitaire américain y passe : les Caïds qui sont
toujours prêts à se battre, les Fayots, regroupés à
la librairie, qui collectionnent des cartes de jeu de rôle, les Bourges
qui n'hésitent pas à rappeler leur rang social, les Sportifs, masses
de muscles sans grande intelligence qui ne se séparent jamais de leur veste
à la gloire de leur équipe de football et enfin les Blousons Noirs
qui vivent toujours à l'époque de "Happy Days" avec leur
brushing ridicule. On doit donc se faire une place parmi ces clans en forçant
le respect grâce, dans la plupart des cas, à nos poings. En effet,
la baston est sans aucun doute le sport numéro de ce bahut et il est très
rare de traverser le préau sans se faire provoquer.
Mais
la Bullsworth Academy est avant tout une école avec toute une série
de branches à suivre. C'est l'occasion par exemple de faire valoir notre
savoir en géographie en plaçant des drapeaux sur les pays correspondants,
notre dextérité en disséquant un animal (biologie) ou en
appuyant au bon moment sur une série de boutons (chimie et techno). Au
total, c'est pas moins de neuf mini-jeux, tous très sympathiques, agréables
à jouer et variés qui sont proposés aux élèves
les plus studieux et permettent ainsi de glaner des nouveaux vêtements,
des nouvelles compétences ou encore des "farces et attrapes"
pour égayer les pauses. Deux cours par jour, de 09h30 à 12h00 et
de 13h30 à 16h00 sont au programme. On a le choix de les fréquenter
ou pas mais attention, les pions, représentés par un point rouge
sur notre mini carte, sont très à cheval sur le règlement
et une minute (ce qui correspond à une seconde dans le jeu) de retard suffit
à les alerter, idem pour le couvre-feu après 23h00. Il vaut mieux
alors les éviter même si il est toujours possible de les semer et
de se cacher dans un casier ou une poubelle afin d'attendre sagement que la jauge
d'alerte redescende. Ce titre, à l'instar de GTA, offre donc une grande
liberté pour organiser notre journée mais avec tout de même
une limite, inhérente à la fatigue, qui oblige à se coucher
à 2h00 le matin sous peine de s'écrouler sur place.

La
Bullsworth Academy n'est pas notre seul terrain de jeu puisque une fois le premier
chapitre terminé, le portail de l'école s'ouvre sur une jolie petite
bourgade typique de la côte ouest des Etats-Unis avec sa plage, son quartier
aisé et populaire bien distincts, ses nombreuses échoppes et son
parc d'attraction. Le jeu prend alors une toute autre dimension et propose une
multitude de nouvelles activités. Cela va de la course de vélos
aux petits boulots tels que livrer le journal ou tondre la pelouse. Certains PNJ
viendront même nous demander des services avec une rémunération
à la clé. Quant aux missions principales, elles sont toutes parfaitement
scénarisées, souvent très drôles, rocambolesques et
surtout très variées. On reconnaît là tout le talent
de Rockstar avec un jeu d'acteur et des dialogues (en anglais, sous-titré
en français) de haut niveau. On éprouve même un sentiment
de regret quand la petite aiguille approche du 2 tant le plaisir de progresser
et de découvrir est grand. Cette version Xbox 360 propose également
un mode multijoueur jouable à deux uniquement en local. Ce dernier, totalement
anecdotique, permet d'affronter un ami sur les mini-jeux rencontrés pendant
les cours.
Malgré un univers d'adolescents
de 15 ans, Bully roule sur les traces de GTA en ce qui concerne la violence gratuite.
On peut se défouler sur différents objets et surtout sur tout ce
qui bouge, que cela soit une fille, un garçon, un adulte ou même
un chien. Il n'est certes pas question de meurtres mais nos poings sont souvent
le meilleur moyen pour accomplir avec succès les objectifs. Ces combats
s'inspirent par ailleurs beaucoup de son illustre parent avec un système
de lock qui peut parfois devenir hasardeux quand il y a trop de monde. Mais dans
l'ensemble, le gameplay est parfaitement maîtrisé. Quant aux armes,
les pistolets et autres fusils sont remplacés par des gadgets bien moins
létaux comme un lance-pierres, des pétards, des boules puantes et
bien d'autres encore.
En ce qui concerne
la partie technique, on ne s'attendait pas à un miracle venant d'un portage
PS2 et ceci avec raison. Malgré quelques améliorations visuelles,
ce titre affiche des textures avares en détails, des effets de lumières
souvent ratés et des ombres portées qui ne ressemble guère
aux objets qui les portent. Du clipping est également présent mais
cela ne surprendra certainement pas les fans de GTA-like. Mais le défaut
récurent qui entache Bully et qui casse considérablement le rythme
est sans aucun doute les nombreux et interminables chargements à chaque
changement de pièces et début de missions. A noter aussi que des
ralentissements et freezes accompagnaient la sortie de ce jeu. Un patch a fort
heureusement corrigé le tir et depuis, aucun plantage ni baisse importante
de frame rate n'ont été constatés.
Déjà
excellent sur PS2, Bully l'est tout autant sur Xbox 360. Son ambiance particulière,
sa mise en scène, sa richesse et sa durée de vie (comptez facilement
20 à 30 heures) en font sans contestation un hit. Et comme souvent avec
les productions de Rockstar, le plaisir éclipse rapidement les nombreux
soucis techniques. Ceux qui n'ont pas goûtés aux aventures de Jimmy
Hopkins sur PS2 auraient donc tord de s'en priver.
Strongbow - 22.04.2008